Paroles et musiques 25 000 spectateurs : 2004 une édition-étalon
Pendant six jours, de midi à plus que minuit, en une fertile profusion de lieux, Paroles et Musiques a marqué Saint-à‰tienne comme jamais. Le bilan est flatteur.
On s'en souvient : la douzième édition, l'an passé, de Paroles et Musiques, fut marquée par les élucubrations de Lantoine, ce Loïc aux « chansons pas chantées », fulgurance d'un verbe délité, libéré. Rebelote cette année où Lantoine pulvérise nos émotions et s'impose magistralement par une stupéfiante prestation qui hantera, longtemps, nos mémoires. Ce n'est pas être devin que de prédire son retour à court terme, ici ou ailleurs à‡a y est, le rideau est tombé sur la treizième édition ; le Magic-Mirrors n'est plus que souvenir virtuel sur le vague terrain où il reposait. Démonté à la va-vite, pour s'en aller trôner à un autre festival, autre indispensable maillon de la chanson qu'est celui de Montauban. Même pas le temps pour la belle équipe de Jeanne-d'Arc de savourer, en ce lieu définitivement magique, le fruit d'une superbe édition, marquée par l'indélébile sceau du succès.
Car, avec 25 000 spectateurs (animations et after inclus) et près de 90 % de taux de remplissage, 2004 fera longtemps office d'édition-étalon.
Le festival où tout est possible
Bien sûr que Têtes Raides, -M- ou Bénabar (ça fait drôle de songer qu'il y a peu de temps, les deux derniers étaient en section « découverte » au Magic-Mirrors) ont dopé la fréquentation, faisant d'ailleurs du lointain Palais des spectacles étrange navire évoluant en d'autres eaux, autrement pures car sincères, de la chanson. C'est là que, surprise, Polo captiva, presque par le silence, une salle quasi-bondée d'un avant Bénabar. Jamais le Palais n'avait été alors aussi beau qu'à ce précis moment.

Lantoine, Polo et tous les autres, fournisseurs d'émotion, fourbisseurs de verbe qui nous parlent, car proches de la vie, comme s'ils étaient nos porte-voix : Leprest, Chédid, Cherhal, Pestel, Romanens, Jamait, Gonzo, Cali, Paccoud Voyez la liste comme elle belle, idéal générique d'une chanson qui n'est que vaguement intermittente dans la jungle des ondes.
Le terrain semble-t-il déminé
Chaque année, l'angoisse d'un futur en peau de chagrin anime ces « actionnaires » de coeur que sont les festivaliers. L'annonce, quelques jours avant le festival, d'un devenir assuré et rassurant a déminé cet explosif terrain. Et libéré le reste. Reste que la vigilance reste de règle. Car jamais la chanson n'est couverte de cadeaux : de Victoires seulement, statuettes vilaines qui sanctifient le négoce, pas le commerce d'émotion. Qu'importe, la marge qu'est Paroles et Musiques (les esprits chagrins trouveront sans doute plus radicale marge encore ) est aussi économie (chiffre d'affaires et autres retombées) et vecteur de com'. à‡a se sait de loin que ce festival compte : on se battrait presque pour y être programmé, même que, comme dit Leprest, on y vient par pur plaisir sans forcément l'être.
MICHEL KEMPER
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«Ce qui s'est passé cette année est assez extraordinaire » confie Marc Javelle. L'explosion des lieux, la présence forte des groupes stéphanois aussi, le conforte dans une idée précise quant à l'avenir de Paroles et Musiques : « Alors que nous sommes sollicités pour nous développer vers l'extérieur, c'est bien dans la direction de Saint-à‰tienne intra-muros que nous allons nous concentrer, pour conforter les positions ». C'est ce festival 2004 qui devrait servir, pour l'équipe de Jeanne-d'Arc, de modèle « qu'on va faire grandir, fructifier ».
Si on demande au directeur du festival un nom d'artiste, un seul, qui a marqué la 13e édition, lui aussi répond, sans réfléchir : Loïc Lantoine. « Il ne peut que revenir l'année prochaine. Et pour plusieurs jours, peut-être pas pour précisément un spectacle, mais pour une carte blanche, une mission d'animation ». L'indiscutable marque de fabrique de Paroles et Musiques est aux yeux de Marc Javelle l'hyper-convivialité. Bénévoles comme professionnels (que ce soit ceux de la salle-mère, les intermittents ou le catering de « Main dans la main ») en font non religion, mais rare évidence. « Il nous faut garder cet esprit-là ».



M.K. </SPAN
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