LE CAHIER de Hana Makhmalbaf
Après Mohsen Makhmalbaf, après Samira Makhmalbaf, voici Hana Makhmalbaf, 19 ans, aussi précoce que sa sœur
(plus précoce en réalité), mais plus douée. Le film raconte l'histoire d'une petite fille qui veut s'acheter un cahier pour aller à l'école... Ah oui... Raconté comme ça, ça donne moyennement envie... Sauf que nous sommes en Afghanistan et ça change tout ! Surtout quand la petite fille en question croise la route de gamins qui se prennent pour des talibans... Et ça fait froid dans le dos. Le titre original du film signifie
Bouddha s'est effondré de honte. Le film se déroule à Bâmiyân, à l'endroit où se dressaient autrefois de monumentales statues de Bouddhas qui furent détruites par les talibans en 2001.
Le Cahier s'inscrit dans la tradition (?) iranienne des films mettant en scène des enfants (O
ù est la maison de mon ami ?,
Le ballon blanc...), des films avec des enfants, mais qui disent des choses pas forcément anodines... Les enfants du
Cahier sont tout sauf « innocents », à l'exception, bien sûr, de sa petite héroïne, Baktay (
je ne vous garantis pas l'orthographe, on trouve plusieurs versions... de toute façon, c'est juste une transcription), et de son petit voisin, Abbas. Les gamins qui s'en prennent à Baktay, mais aussi à Abbas, sont terrifiants. Ils reproduisent les comportements des adultes, des « grands » et ça fait peur.
Le Cahier est un premier long métrage saisissant (avec quelques longueurs peut-être ? le film ne durant par ailleurs qu'1 heure 21), qui témoigne d'une maturité surprenante et d'une maîtrise formelle qui ne l'est pas moins, avec notamment un remarquable sens du cadrage. La petite Nikbakht Noruz, la très jeune héroïne du film, est époustouflante et bouleversante. Un vaillant petit soldat obstiné qui se heurte à la bêtise de quelques gamins.
Le Cahier est un film où aller vendre des œufs au bazar devient une aventure. Extraordinaire scène où l'on voit l'infatigable, l'endurante Baktay arpenter les allées du bazar à la recherche d'acheteurs potentiels. Evidemment, c'est une aventure... quand on a 6 ans.
Le Cahier est le genre de film qui ne se laisse pas facilement oublier. Un film beau et terrible à la fois.
CORTEX de Nicolas Boukhrief
Je ne suis pas beaucoup plus enthousiaste qu'Ananais...
Sur un sujet curieusement proche
(la maladie d'Alzheimer en moins), mais avec un ton assez différent,
Vous êtes de la police ? de Romuald Beugnon, plus modeste (plus « désinvolte » ?), était plutôt plus intéressant
- le film était pourtant loin d'être un chef-d'œuvre ! Nicolas Boukhrief n'a pas réussi à créer la tension qu'on aurait pu attendre ici.
Le film manque de rythme, est un peu mou, sans ennuyer pour autant. On a envie de connaître le fin mot de l'histoire, mais on ne tremble pas. Ce qu'il manque ici ? Le trouble, le mystère. Sinon, André Dussollier est remarquable
(drôle d'idée d'avoir appelé son personnage Charles Boyer...). Mais certains seconds rôles (Aurore Clément, Philippe Laudenbach...) sont un peu sacrifiés. Marthe Keller, formidable, a par contre un rôle assez « consistant »
... mais court.
Un film, disons, honorable, mais un peu décevant.
PAT GARRETT & BILLY THE KID de Sam Peckinpah (1973)
C'est un peu long, assez lent. Ça dure environ 2 heures, on a l'impression que ça dure 2 heures et demie, voire 3 heures, sans que le film soit ennuyeux pour autant. C'est juste que Peckinpah semble ici dilater le temps
- comme pour retarder l'inéluctable issue ? Le film manque singulièrement de souffle. En même temps, il est évident que ce n'est pas ça que cherche Peckinpah . Ce n'est pas le lyrisme qu'il cherche, ce n'est pas le spectaculaire. Le film avance entre l'attente et la fuite. Le récit est assez « lâche », répétitif (il alterne « gunfights » et scènes presque contemplatives), c'est violent, nihiliste, comme souvent le cinéma de Peckinpah
(Ride the High Country, son plus beau film, mais je n'ai pas vu tous ses films, échappe à ce nihilisme). Et l'on retrouve une fois de plus chez Peckinpah le même « schéma » : deux amis, une amitié malmenée, trahie
(parfois reconquise, parfois non). Et c'est notamment à cause de cela (mais pas seulement à cause de cela) que le film donne un peu une impression de déjà vu. Comme si Peckinpah refaisait à chaque fois le même film; peut-être pas à chaque fois, mais souvent...
Quoi qu'il en soit,
Pat Garrett & Billy the Kid est plutôt un très bon film, qui a de nombreuses qualités, qui est très bien joué (par James Coburn et Kris Kristofferson notamment), mais qui ne suscite pas forcément un enthousiasme débordant
(du moins chez moi). A part ça, la musique est de Bob Dylan, qui apparaît également dans le film
(avec l'air de se demander ce qu'il fait là ...).