Une petite interview donnée à l'occasion du passage au Festival Paroles et Musiques à Saint-Etienne avec quelques détails plutôt intéressants

zoom42.fr a écrit : Festival Paroles et Musiques: Bénabar à Saint-Etienne
Vendredi 29 mai, l'auteur de chansons populaires était sur la scène stéphanoise du Zénith. Difficile de faire tomber le masque de Bruno Nicolini et encore moins celui de Bénabar le temps d'une interview... Déconnade, sarcasmes, drague, tout y passe! Intimidé dit-il, je joue un rôle comme nous tous. Infréquentable pour autant? Même pas vrai. Rencontre
Vous vous êtes mis en danger avec votre dernier album "Infréquentable", on a l'impression que Bénabar ne fait plus du Bénabar?
C'était une tentative, j'essaie de chanter pour divertir. L'idée du divertissement est quelque chose que je trouve très noble. On essaie avec les musiciens et techniciens de mettre la barre assez haute et de ne pas décevoir avec des textes qui ont un sens, enfin j'espère. On se remet sans cesse en question, il ne faut pas oublier que ce n'est jamais acquis. Je suis conscient d'être un privilégié et d'avoir la chance de remplir des salles et de vendre des disques. Par contre, je n'en dors pas la nuit car j'ai cette inquétude et cette angoisse permanente de décevoir les gens et de ne pas être au niveau. J'essaye de faire passer quelque chose très modestement. Sur un concert, notre rôle est de faire sentir au public qu'il apporte quelque chose et que nous aussi. Je suis conscient de ne pas avoir les chansons de Jacques Brel, de Renaud ou de Charles Aznavour mais j'espère que les gens prennent du plaisir en écoutant nos chansons dans les embouteillages par exemple...
Vous vous mettez en danger pour révéler une partie plus sombre de votre personnalité?
J'ai confiance en moi en tant qu'homme et j'espère ne pas renvoyer une mauvaise image envers ma famille, mes enfants, j'espère assurer en tant que papa. En tant que chanteur, je n'ai pas du tout confiance en moi. Je suis un chanteur du coin de la rue, j'ai eu l'occasion de rencontrer Aznavour ou Salvador qui ont fait des chansons magnifiques. A chaque fois que je monte sur scène même si je sais que ça marche bien pour moi, j'ai peur d'être sifflé. Je pense que c'est normal d'avoir cette peur là parce qu'il faut être au niveau de l'attente du public. Je considère les gens qui se déplacent aux concerts comme un égal et non comme un public. Je me considère comme un cuisinier; les gens viennent, on leur donne à manger et ils ont le droit de gueuler si on n'est pas à la hauteur de leurs attentes.
Comment vous constituez votre répertoire?
C'est une vrai question de choisir l'ordre des chansons que l'on va jouer avec les musiciens. Il y a des chansons qui me plaisent beaucoup et qui ennuient les musiciens donc on ne les joue pas. On essaie de se faire une conduite avec un nombre de titres qui va accompagner le spectacle que l'on essaye de donner.
L'amour de votre public a été quand même assez fulgurant, comment vous l'expliquez? C'est un déclic d'une chanson?
Je trouve que ce n'est pas assez, les gens pourraient m'aimer encore davantage!!J'ai un égo de chanteur mais en effet, je suis conscient de cette chance que je mesure sincèrement. Je suis heureux de faire ce métier et d'inciter les gens à se déplacer uniquement pour nous. C'est un bonheur inoui, je m'en rends compte. Quand je vois les gens dans le public, ça me touche infiniment; et ce n'est pas pour rien si je me donne souvent en spectacle comme dans cette interview car je suis intimidé. La sensation que vous, journalistes, soyez intéressés de me parler, me trouble.
Vous avez écrit trop facilement jusqu'à présent?
L'écriture a toujours été difficile pour moi. C'est un vrai travail que j'ai toujours respecté. Il m'a fallu trois semaines pour écrire toutes les chansons. Je me mets à ma table pour travailler pendant dix heures et inch allah si tout va bien, je sors une chanson au bout d'une semaine. C'est un travail très laborieux. J'aimerais bien pouvoir écrire pour les autres... Le problème quand on chante soi-même, on a tendance à donner les chansons les moins bonnes car si on a un "Mistral Gagnant" on ne va pas le donner à un copain, on va le chanter soi-même... Il faut avoir une certaine humilité pour écrire pour quelqu'un d'autre et j'espère l'acquérir dans l'avenir. Je n'ai pas encore ce recul.
Est-ce que vous comprenez votre carrière?
Non, pas vraiment. Je suis conscient que les choses vont bien et que cela ne va pa forcément durer, je l'intègre. En ce moment, je suis insomniaque et je pense aux prochaines chansons que je n'ai pas. Je vais peut-être faire un album de reprises.
Vous n'avez plus rien à dire?
Mais peut-être, c'est la question que je me pose.
Pour moi, ma carrière est débutante et je ne me suis jamais considéré comme installé. En fait, je fais ma tournée d'adieu en ce moment.
Et puis quoi encore?
C.D