I DON'T WANT TO SLEEP ALONE de Tsai Ming-liang
Le cinéma de Tsai Ming-liang n'a jamais été très narratif. Le cinéma de Tsai Ming-liang a toujours été radical - mais intéressant, surtout les premiers films. Avec I
don't want to sleep alone, ça devient du grand n'importe quoi !

Du cinéma radical, je veux bien. Du cinéma peu narratif, je veux bien aussi. Mais un minimum de sens, de substance, ce serait trop demander ? Il ne se passe rien dans
I don't want to sleep alone.
Rien. A part des hommes qui promènent un matelas - et pas qu'une fois...

Et deux heures (ou presque) de rien, c'est long, c'est très long...

Même formellement, le film est en deçà de ce qu'est capable de faire Tsai Ming-liang. Ou alors, c'est simplement que ce qui nous est montré ici est moche ?
Où est passé le cinéaste de
Rebels of the Neon God, de
Vive l'amour, de
La Rivière ?
Il y en a tout de même qui trouvent du sens au film. Par exemple aux Cahiers du Cinéma (ils sont très intelligents aux Cahiers...).
Quelques extraits...
Cyril Neyrat, dans les [i]Cahiers du Cinéma[/i], a écrit :Chargée d'une gravité et d'une nécessité politique nouvelles, délestée aussi de toute surenchère formelle, la lenteur de Tsai renonce au vide pour s'emplir de la durée des affects. Le rapprochement avec Apichatpong Weerasethakul n'est pas seulement géographique : Tsai, assumant son penchant sentimental, quitte sa froideur d'entomologiste pour une tendre attention aux élans, tour à tour durs et doux, de ses personnages.
Cyril Neyrat, un peu plus loin, a écrit :Car loin d'être vain, le jeu burlesque de l'immobilité et du mouvement, de l'inertie ou de la circulation des corps et des objets, fait passer des solitudes aliénées à la possibilité d'une relation, des cellules séparées à un fragment de monde commun.
Cyril Neyrat, enfin, a écrit :La fumée achève le tableau d'un monde apocalyptique. Mais Tsai dialectise le dessin par une constante réversibilité des signes, qui le porte à l'opposé de toute nostalgie de l'authenticité. Comme le voile rose, la fumée jaune atténue la froideur et l'inertie du monde, devient brume du possible dans laquelle Chyi et Hsiao Kang disparaissent et suivent leur désir. Pollution et brume.
Réserve d'eau stagnante dans un immeuble à l'abandon et mer du possible où dérive le matelas devenu radeau, ébauche d'un monde commun pour le trio des amants. Contre les pessimistes du voyage et les relativistes de la mondialisation, Tsai rappelle qu'il est encore profitable d'aller voir ailleurs. Un matelas, des sacs en plastique, les gestes de travailleurs immigrés : les signes sont là pour qui veut bien regarder. Ils ont deux faces, pour tenir ensemble dans un conte la proie politique et l'ombre sentimentale.
A Libération aussi...
Olivier Séguret, dans [i]Libération[/i], a écrit :C'est un film dont les longs plans nous parlent infiniment de la dissolution terminale de l'humain dans le grand vide marchand, mais s'injectent aussi, tout à coup, comme nos yeux, du contrepoison violent de la poésie pure : un état amoureux, un papillon sur l'épaule, un coin de lit sous un coin de lune.
On n'a pas dû voir le même film...
BOXES de Jane Birkin
Une femme est assaillie de souvenirs. De jolis souvenirs, d'autres plus douloureux... Ses « fantômes » - ses morts - se mêlent aux vivants...
Boxes est un drôle de film, assez impudique car en partie autobiographique, sans qu'on sache toujours où s'arrête la réalité et où commence la fiction, ce qui est assez troublant. Jane Birkin - la réalisatrice et le personnage qu'elle interprète - n'épargne pas les hommes de sa vie, du moins deux d'entre eux. Mais qu'ont en commun, par exemple, Jean, le père de sa plus jeune fille, et Jacques Doillon ? Et le père de son aînée et John Barry ? Le seul qui semble trouver grâce à ses yeux, c'est Max, le père de sa deuxième fille, autrement dit Serge Gainsbourg... Globalement, c'est un joli film, sensible, plutôt bien écrit, très libre narrativement (le récit évolue au fil des caprices de la mémoire), pas totalement abouti, parfois maladroit sans doute, mais honorable. Le film aurait pu être ridicule : il ne l'est pas, même s'il n'est pas totalement réussi. Et puis quel beau casting... Mention spéciale, peut-être, à
Maurice Bénichou, magnifique (comme toujours ?), et à Lou Doillon. Mais les autres (Jane Birkin elle-même, Michel Piccoli, Geraldine Chaplin, Natacha Régnier, Tchéky Karyo ou John Hurt notamment - il y a aussi Annie Girardot et une petite fille épatante, Adèle Exarchopoulos) ne déméritent pas.
Num a écrit :- Un film français divisé en trois parties et où ça se passe mal au milieu... ça rappelle furieusement (dans les films récents car j'imagine qu'on peut en trouver des milliers) "Les témoins" de Téchiné
C'est ce que je me suis dit aussi...
Num a écrit :Ccl si t'as pas vu les Témoins, je te le conseille, je pense que ça pourrait te plaire
Num a écrit :- et pour la partie "film musical sur fond triste", je demande "Jeanne et le garçon formidable"
