Petit bilan de l'année 2008 au cinéma...
Alors, les meilleurs films de l'année (pour moi), en images, ça donne ceci...
(C'est un peu long, je sais, mais j'ai vu 130 films en 2008; pas seulement des films de 2008, mais quand même...)

















En quelques mots...
(Si vous voulez voir les bandes-annonces, cliquez sur les titres des films...)
1. THERE WILL BE BLOOD de Paul Thomas Anderson
On savait déjà que Paul Thomas Anderson était un grand cinéaste :
There will be blood l'a magnifiquement confirmé. C'est d'une puissance et d'une ampleur dont on ose à peine rêver. C'est classique et moderne à la fois. C'est une succession de scènes hallucinantes, de visions mémorables.
"L'un des films les plus hypnotisants de la décennie", écrivait Philippe Azoury dans
Libération.
2. TWO LOVERS de James Gray
Two Lovers est le - sublime - quatrième film de James Gray. C'est beau, c'est triste, ça vous déchire le cœur. C'est encore plus beau la deuxième fois, un peu moins triste peut-être. La troisième fois, la cerise sur le gâteau, c'était la présence de James Gray...
Mais le film est déjà un cadeau en soi. Tout est parfait, de la mise en scène, ensorcelante (dès ce premier plan magnifique...), à la musique (du
Lujon d'Henry Mancini à Donizetti), de la photo aux acteurs.
"Avec
Two Lovers, le cinéaste new-yorkais délaisse la mafia pour filmer la passion indécise d'un écorché vif. Un nouveau chef-d'œuvre ténébreux et lyrique", a écrit Philippe Azoury (qui a décidément du goût) dans
Libération.
3. UN CONTE DE NOËL d'Arnaud Desplechin
Venant après
Rois et reine,
Un conte de Noël a forcément un peu déçu, mais c'est tout de même un film magnifique, inégal certainement, un peu bavard, mais qui séduit, enchante souvent, bouleverse parfois. Desplechin ne se renouvelle pas vraiment, mais son cinéma romanesque et cruel est toujours aussi précieux.
4. IT'S A FREE WORLD... de Ken Loach
Dans la catégorie "cinéastes qui ne se renouvellent pas vraiment" (mais est-ce si grave ?) : Ken Loach. Sans être son plus grand film,
It's a free world... est tout de même, probablement, le meilleur Loach qu'on ait vu depuis des années. Une fois de plus, Loach nous parle du monde dans lequel on vit et c'est terrifiant.
5. LE SILENCE DE LORNA de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne
Dans la catégorie "cinéastes qui ne se renouvellent pas vraiment" encore une fois : les frères Dardenne. Mais quel film ! Le film est beau et terrible à la fois. On est saisi d'effroi et d'émotion - et saisi tout court - devant ce qui se joue - humainement - ici. Bouleversant et indispensable.
6. LES BUREAUX DE DIEU de Claire Simon
La "matière" du film, qui se déroule dans un lieu unique, en l'occurrence un centre de planning familial, est a priori bien peu cinématographique. Mais Claire Simon a réussi à faire du cinéma avec cette matière. C'est l'un des plus beaux films de l'année. Le film, qui touche à des choses essentielles, touche au cœur. Ce n'est pas un manifeste : c'est la vie même.
7. VERSAILLES de Pierre Schoeller
C'est un film qui vous tétanise d'abord par sa noirceur et son âpreté. Mais la lumière arrive petit à petit. C'est une histoire d'amour entre un homme qui n'attend plus rien et un petit garçon qui a tout à vivre. Et c'est énorme. Il y a une scène de trop (la dernière), mais qu'importe... Le film est bouleversant au-delà de tout ce qu'on peut imaginer. L'un des chocs de l'année.
8. LA BELLE PERSONNE de Christophe Honoré
C'est une libre adaptation de
La Princesse de Clèves - et la façon dont Christophe Honoré transpose à notre époque les événements et les personnages du roman - qui se déroule au XVIe siècle, à la cour du roi Henri II... - est passionnante. Il n'est ici question que de sentiments, de ceux qui brûlent et rendent fou, et de renoncement. C'est magnifique et d'une tristesse infinie, avec ces moments de grâce dont est capable Christophe Honoré.
9. STELLA de Sylvie Verheyde
Stella est le portrait d'une gamine aimée mais un peu négligée par des parents qui ont autre chose à faire que de s'occuper d'elle (ils tiennent un café)
- bon, ils s'occupent d'elle quand même. C'est l'histoire d'une gamine qui grandit comme elle peut, mais qui grandit quand même, dans tous les sens du terme. L'école l'ennuie ? Mais la voilà qui prend goût à la lecture... C'est un très beau film, c'est vivant, terriblement touchant, plein de détails qui enchantent. Les acteurs sont formidables. Mieux que ça même. Un film hautement recommandable.
10. HAPPY-GO-LUCKY (BE HAPPY) de Mike Leigh
Un film très anglais, plutôt léger (plus que les autres films de Mike Leigh, c'est sûr !), mais pas superficiel pour autant. La mélancolie gagne peu à peu le film. Et la profondeur avec. Et l'émotion. Un enchantement.
11. HUNGER de Steve McQueen
Irlande du Nord, 1981. Des membres de l'IRA emprisonnés font la "grève" des couvertures et de l'hygiène, puis la grève de la faim pour obtenir le rétablissement de leur statut de prisonniers politiques. Parmi eux : un certain Bobby Sands.
Hunger est un film que l'on ne reçoit pas facilement. C'est l'expérience de cinéma la plus extrême, la plus "physique" de l'année 2008 - la plus traumatisante ? Un film qui montre frontalement - et avec une maîtrise formelle exceptionnelle, soit dit en passant - une réalité inhumaine (comment la montrer autrement que frontalement ?) et ça fait mal.
12. THE DARJEELING LIMITED (A BORD DU DARJEELING LIMITED) de Wes Anderson
C'est un film qui a un charme fou, mais dont le charme échappe à toute analyse. C'est poétique, lumineux, léger, profond, incongru, émouvant : en bref, c'est magnifique. Un enchantement d'un bout à l'autre.
13. YOUNG@HEART (I FEEL GOOD !) de Stephen Walker
Ça s'appelle une divine surprise. C'est l'histoire d'une chorale du troisième âge - Young@Heart - qui chante des chansons... de James Brown, des Clash ou de Coldplay ! Le
Should I stay or should I go qui ouvre le film émeut aux larmes, comme le film le fera souvent. C'est décapant et bouleversant à la fois, plein d'énergie, plein de vie, malgré tout, malgré la mort qui rôde. C'est beau, c'est triste, c'est un film qui régénère, qui fait du bien. C'est un film extraordinaire.
14. INTO THE WILD de Sean Penn
Un film magnifique, lyrique, profond, qui réussit à éviter presque tous les pièges que lui tendait son sujet (pour aller vite : les bons sentiments, la naïveté...). Une réussite assez inespérée. Une belle surprise.
15. SÉRAPHINE de Martin Provost
C'est un destin hors du commun qui nous est raconté ici, un destin improbable, qu'on n'oserait pas inventer. Mais c'est une histoire vraie, celle de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, femme de ménage... et peintre, découverte par le collectionneur d'art Wilhelm Uhde. C'est l'histoire d'un éveil (à l'art, au monde)... et d'une déchéance. L'histoire d'une belle relation qui n'est pas simplement celle d'un mécène avec "son" artiste. Il y a plus que ça. Le film est absolument bouleversant - et formellement magnifique.
16. CHANGELING (L'ÉCHANGE) de Clint Eastwood
Los Angeles, 1928. Christine Collins élève seule son fils de 9 ans, Walter. Un jour, Walter disparaît. Cinq mois plus tard, l'enfant est retrouvé. Sauf que ce n'est pas son fils et que la police - corrompue, incompétente - refuse de le reconnaître. C'est une histoire invraisemblable, effroyable... mais authentique. Bonne nouvelle : Angelina Jolie ne gâche pas le film. Elle n'est pas exceptionnelle, mais elle s'en sort plutôt bien. Sauf qu'on se dit qu'avec une grande actrice,
Changeling serait peut-être un grand film. Il ne manque pas grand-chose : c'est déjà un film très fort, qui nous saisit tellement ce qui nous est raconté dépasse l'entendement. Deuxième bonne nouvelle : Eastwood a réussi à éviter le pathos, un exploit avec un tel sujet ! Le film est classique, formellement, narrativement (mais pas académique; non, ce n'est pas pareil...), ce n'est pas le chef-d'œuvre d'Eastwood, mais qu'est-ce que c'est bien !
17. THE VISITOR de Tom McCarthy
Beau film, très beau film. Trop de bons sentiments ? Oui, peut-être, et alors ? Deux mondes se rencontrent - d'un côté, Walter, un prof d'économie veuf et dépressif; de l'autre, un couple un peu bohème, Tarek et Zainab : il est syrien, elle est sénégalaise - et la rencontre est belle, juste belle. A la moitié du film arrive Mouna, la mère de Tarek, et c'est un autre film qui commence. C'est l'histoire d'une renaissance et c'est magnifique. L'humanité du film et de ses acteurs touche au cœur.
18. VICKY CRISTINA BARCELONA de Woody Allen
Pour finir,
Vicky Cristina Barcelona. Non que le film soit parfait, mais c'est l'un des meilleurs Woody Allen de ces dernières années. Les défauts du film ? D'abord, cette voix off omniprésente, qui n'apporte pas grand-chose. Si encore, c'était celle de Woody... Ensuite, Penélope Cruz. Enfin, son personnage. Maria Elena, volcanique jusqu'à l'hystérie, est un peu une caricature. Et puis, par moments, le film est un peu trop "touristique", un peu cliché. Mais c'est quand même formidable. Assez léger, lumineux, drôle (pas toujours : ce n'est pas vraiment une comédie)... et finalement assez désenchanté. Le film est en deçà des grands Woody, mais il y a un net progrès par rapport, notamment, au précédent. Un film imparfait, oui; réussi, oui aussi - même si ça pourrait être mieux encore.
Les acteurs de 2008, les plus déchirants, les plus éblouissants, les plus inventifs, enfin quelques-uns...
(on retrouve fatalement (?) quelques-uns des meilleurs films de l'année...)
Daniel Day-Lewis dans
There will be blood. Evidemment Daniel Day-Lewis.
Joaquin Phoenix, Vinessa Shaw, Gwyneth Paltrow dans
Two Lovers. Joaquin Phoenix qui, en 2008, a annoncé - à 34 ans... - qu'il mettait fin à sa carrière d'acteur...

On compte sur James Gray pour le faire changer d'avis. Ah! les larmes de Joaquin Phoenix dans
Two Lovers...
Yolande Moreau et Ulrich Tukur dans
Séraphine (mais Yolande Moreau est formidable aussi dans Louise-Michel).
Guillaume Depardieu dans
Versailles bien sûr. Il est également magnifique dans
Les Inséparables et - dans un rôle secondaire - dans
Stella.
Que dire, sinon qu'il va terriblement nous manquer ?
Arta Dobroshi dans
Le Silence de Lorna.
Léa Seydoux et Louis Garrel dans
La belle personne.
Richard Jenkins dans
The Visitor (il est épatant aussi dans le dernier film des Coen, Burn after reading).
Hiam Abbass dans
The Visitor et
Les Citronniers - et le magnifique prologue du décevant
Désengagement de Gitai.
Le somptueux casting d'
Un conte de Noël, avec une mention spéciale à Anne Consigny, Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve.
Et puis Rebecca Hall, la Vicky de
Vicky Cristina Barcelona.
Dans la catégorie acteurs à suivre : Emile Berling dans
Un conte de Noël et... Benjamin Biolay
(mais oui...
) dans
Stella.
Et, également dans
Stella, Karole Rocher.
Les films les plus surestimés de l'année :
Gomorra,
Dernier maquis et
Juno.
Le cinéma en 2008, ce fut aussi...
Des disparitions qui font mal : outre celle de Guillaume Depardieu à 37 ans, celle d'Heath Ledger à 28 ans, celles de Youssef Chahine, de Paul Newman,
de Sydney Pollack (entre autres)...
La parution, aux éditions Taschen, des monumentales
Archives de Bergman !!!
La réouverture du
Forum des Images (à Paris). Dommage qu'
un si beau lieu soit "enterré" dans les sous-sols de Paris...
Et puis aussi ceci : Manoel de Oliveira a 100 ans !
Et beaucoup d'autres choses encore, mais je crois que je vais m'arrêter là...