Après des débuts de réalisateur, Bénabar version chanteur cartonne en croquant les sentiments du quotidien. Michèle Manceaux a rencontré celui qui ne s'appuie que sur son cÂœur... débordant.
Michèle Manceaux: Etes-vous un garçon timide?
Bénabar: Réservé, un peu sauvage, oui. Cabotin avec les gens que je connais et un peu muré quand je ne connais pas.
M. M.: Il semble que vous ne soyez pas macho...
B.: Macho, j'aimerais bien! Mais impossible, ça ne marche plus. Les filles ne veulent pas. On peut les taquiner mais pas leur laisser la vaisselle sale. Ma copine fait ce qu'elle veut. Aujourd'hui, avec les copines, il vaut mieux avoir les mêmes goûts. On ne peut rien leur imposer.
M. M.: Vous parlez de la mère de Manolo, votre fils de 2 ans, en disant ma «copine».
B.: On n'est pas mariés... Quelquefois, en parlant d'elle je l'appelle «la mère de mon fils».
M. M.: Vous n'avez pas envie de vous marier?
B.: Ni elle ni moi ne nous posons la question. Si elle voulait, pourquoi pas?
M. M.: Vous êtes souvent en tournée et entouré de groupies. Et elle, à Paris. Comment éviter la jalousie?
B.: On ne l'éviterait sans doute pas s'il y avait lieu. Si ma copine me trompait, je pourrais être jaloux, mais je lui fais confiance. Elle aussi me fait confiance, je pense. Nous ne nous rendons pas malades. Nous sommes contents de nous retrouver, ça va.
M. M.: Vous êtes du genre: «On se dit tout»?
B.: Non. (Rires.) Tout se dire, c'est con. Mais si ma copine passait le week-end avec un mec, dans un hôtel en Normandie, j'aimerais être le premier à le savoir. Mais, jaloux dans l'imaginaire, non, je suis trop feignant.
M. M.: L'amour peut-il durer?
B.: Même si je constate plutôt que l'amour ne dure pas, pour moi, c'est envisageable.
M. M.: Qu'est-ce qui plaît aux femmes?
B.: Alors ça, je ne sais pas. (Rires.) Même si j'ai une vie sexuelle très épanouie, je n'ai pas une grande expérience des femmes. Je crois que, pour elles, le physique compte beaucoup. Pas forcément le beau mec, mais la rencontre d'abord physique avec une gueule, oui, ça les branche.
M. M.: Qu'est-ce qui est érotique chez une femme?
B.: La gentillesse.
M. M.: Avez-vous entendu parler des «no sex», ces jeunes qui restent chastes par choix, jusqu'à la trentaine?
B.: C'est peut-être à cause du sida... ou en réaction à la pornographie ambiante... Mais «no sex», les pauvres, il faut qu'ils arrêtent.
M. M.: Vous êtes capable de souffrir d'amour?
B.: Oui, mais pas longtemps. (Rires.) La passion vaut la peine. On est grandi par la passion. On a un cÂœur énorme, on est prêt à tout, c'est un état héroïque, magnifique. Dans la passion, on éprouve un sentiment d'abandon très beau, très poétique, mais très frustrant. J'en ai bavé, mais raisonnablement. (Rires.) Je préfère construire que détruire.
M. M.: Vous êtes vraiment très gentil...
B.: J'ai aussi des colères. Ce matin, j'ai cassé une chaise à l'hôtel parce que j'avais une quinte de toux. Mais je vais la rembourser parce que je ne suis pas rock'n'roll.
M. M.: Vous sentez-vous vieillir?
B.: Eh bien, pas tellement. Quand mon fils est né, j'ai pensé que j'allais devenir un homme, mais je suis toujours aussi con, aussi potache, immature.
M. M.: On dit que les musiciens sont les meilleurs amants.
B.: Je ne sais pas si c'est vrai. J'espère. (Rires.) Autant laisser courir ce bruit-là .
