Salut Zef
Je m'appelle Jean-Pierre Georget et j'écris des textes depuis 18 mois environ.
Mon truc, c'est de mélanger gravité et dérision sur mon site "âneries".
Je ne chante pas, mais si quelqu'un veut musiquer mes chansons, je serais bien sûr très content.
Je te poste un échantillon de mes "âneries".
Giratoire
Sur la rocade nord,
Au sens giratoire,
Sont en train dÂ’rouler
Sébastien et Laure,
Rêvant plein dÂ’espoir,
DÂ’un être à aimer.
Sébastien suit LaureÂ…
Ah ! Enfin de voir
Un cœur à croquer
Quel grand réconfort !
Il tourne plein dÂ’espoir,
Pour la rattraper.
Déjà il dévore,
Ses longs cheveux noirs,
QuÂ’il veut effleurer,
Tandis quÂ’elle adore,
Cadeau du miroir,
Ses cheveux bistrés.
De tourner encore,
Dans le giratoire,
Les yeux concentrés
Sur lÂ’autre qui explore,
Ce bout de miroir,
QuÂ’il rêve dÂ’aimer.
Laure et Sébastien
Se sont accrochés,
Sans dégât notable,
Au centre du rond point,
Ils ont ébauché
Un baiser amiable.
Et sans baratin,
Se sont allongés,
Instant délectable,
Et les libertins,
Sans trop se cacher,
Commettent lÂ’inavouable.
Quelques puritains
Semblent protester,
Montrant les coupables,
Des gens plus malins,
Stoppent pour regarder
Le couple insatiable.
Moqueur cÂ’est certain,
De doux policiers,
Toujours très serviable,
Chasse les importuns,
Pour nÂ’pas déranger
Nos chers petits diables.
Sur la rocade nord,
Au sens giratoire,
Se sont retrouvés
Sébastien et Laure
Qui tournent plein dÂ’espoir,
Pour ne plus sÂ’quitter.
Il parle
A chacun ses petites manies,
Lui parle tout lÂ’temps, de tout de rien,
Il parle sans prendre garde à cÂ’quÂ’il dit,
Il parle en mal, il parle en bien,
Peu importe lÂ’interlocuteur,
Sans se soucier dÂ’être écouté,
Il lui débite ses pÂ’tites rancoeurs,
Et pleure sur sa fragile santé.
Il parle
il cause
il confère,
Converse
déclame
improvise,
Débite
dégoise
déblatère,
SÂ’exprime
radote
bref épuise!
SÂ’il nous immergeait dans le lac
Des méditations poétiques,
On le laissÂ’rait vider son sac
De propos très soporifiques,
Mais il nous sert sa vieille cousine
Qui souffre dÂ’un gros problème de hanche
Et son cousin quÂ’a mauvaise mine
ParcÂ’ quÂ’il picole trop le dimanche.
Il parle
il cause
il confère,
Converse
déclame
improvise,
Débite
dégoise
déblatère,
SÂ’exprime
radote
bref épuise!
SÂ’il puisait toutes ses références
Dans de grandes œuvres philosophiques,
On lui pardonnÂ’rait ses outrances,
Ses propos très soporifiques,
Mais il cueille tous ses arguments
Le soir au journal de vingt heures,
Alors bien sur ses boniments
On les connaît déjà par cœur.
Il parle
il cause
il confère,
Converse
déclame
improvise,
Débite
dégoise
déblatère,
SÂ’exprime
radote
bref épuise!
Certes sÂ’il nous racontait ses livres,
Quitte à en lire que les critiques,
On lui permettrait de poursuivre
Ses propos très soporifiques,
Mais en matière dÂ’littérature,
Il ne parle que du résumé
De la bien triste déconfiture
DÂ’ lÂ’équipe de foot de son quartier.
Il parle
il cause
il confère,
Converse
déclame
improvise,
Débite
dégoise
déblatère,
SÂ’exprime
radote
bref épuise!
Mais imbibés de compassion,
De sentiments philanthropiques,
On écoute ses conversations,
Ses propos très soporifiques,
DÂ’autant quÂ’on est très limité
En matière de riche dialectique,
Et quÂ’on nÂ’ a pas à lui envier
Ses lacunes encyclopédiques.
On parle
on cause
on confère,
Converse
déclame
improvise,
Débite
dégoise
déblatère,
SÂ’exprime
radote
bref épuise!
Devoir de mémoire
CÂ’était pendant la guerre
QuÂ’il me disait grand-père,
Certains refusent de croire
A cette terrible histoire.
CÂ’était pendant la guerre
QuÂ’il me disait grand-père,
Son devoir de mémoire
CÂ’est sa petite histoire.
Dans la classe, au collège,
Il ne regardait quÂ’elle,
SÂ’agitait sur son siège
Pour admirer sa belle.
De ses longues tresses brunes
Se faisait des moustaches,
Sans quÂ’elle lui tienne rancune
De ses blagues de potache.
Et dans un coin de cour,
Ils rêvèrent de construire
Un petit nid dÂ’amour
Impossible à détruire.
Il posa sur ses lèvres
Un chaste et doux baiser,
Il nÂ’était pas orfèvre
Mais sut improviser.
CÂ’était le temps du rire,
Des douceurs et caresses,
DÂ’envol dans lÂ’avenir
Rêvé plein de promesses.
Ce temps de lÂ’insouciante
Marguerite effeuillée,
De cette envie grisante
Que lÂ’on nÂ’ose consommer.
Mais à cause dÂ’une étoile
Elle prit un dernier train
Pour un destin fatal
Cruel et inhumain.
Et les longues tresses brunes
Disparurent à jamais
Dans la fosse commune
Des larmes et des regrets.
Elle était de ton âge,
QuÂ’il disait tristement,
Je revois son visage
Et ses emportements.
Elle dessinait un monde
Loin de toutes cruautés,
Où le bonheur inonde
Toute la société.
Mais lÂ’homme est ainsi fait
QuÂ’il ignore son histoire,
Les plus sombres méfaits
Sont détails, cÂ’est notoire.
Combien de tresses brunes
A verser en obole
Pour combler les lacunes
DÂ’un triste et vieux guignol.
La banlieue dÂ’ mon village
Dans la banlieue de mon village,
Il ne se passe jamais rien,
Les habitants sont hyper sages,
On sÂ’ennuie comme des collégiens.
Pas le moindre gros tracteur en flamme,
Pas la moindre pÂ’tite échauffourée,
Pas le moindre trafiquant de came,
CÂ’est triste, calme à désespérer.
Assis sur les marches de lÂ’église,
Avec les potes on rÂ’garde les filles
Trop méga froide comme la banquise
Et qui du regard nous fusillent.
Pas le moindre petit cœur à prendre,
Pas la moindre et douce amourette,
Pas le moindre petit geste tendre,
CÂ’est triste, calme et bien prise de tête.
Dans lÂ’unique bar de mon village,
On sÂ’abreuve de mauvaise bière,
On s’en gargarise l’œsophage,
Allez, patron, encore un verre.
Pas le moindre malheureux juke-box,
Pas la moindre modeste chanson,
Pas le moindre petit match de boxe,
CÂ’est triste, calme à donner lÂ’bourdon.
Bien sur yÂ’a bien la fille du maire,
QuÂ’est belle comme un pot dÂ’géranium,
Mais son arrogant père de maire
Me hurle quÂ’elle nÂ’est pas pour ma pomme.
Pas le moindre petit brin dÂ’espoir,
Pas la moindre raison dÂ’espérer,
Pas le moindre moment à se voir
CÂ’est triste et calme à en pleurer.
Et la banlieue de mon village
Se vide peu à peu de ses jeunes
Que lÂ’ennui pousse vers dÂ’autres rivages
Et qui rêvent dÂ’une vie plus fun.
Pas le moindre embryon dÂ’regret,
Pas la moindre pointe de nostalgie,
Pas le moindre même infime arrêt,
Une triste et calme hémorragie.
Dans la banlieue de mon village,
Il ne se passe jamais rien,
Les habitants sont hyper sages,
On sÂ’ennuie comme des collégiensÂ…
Souris pour la photo (dédiée aux vautours qui font du fric avec la souffrance)
Depuis que jÂ’ai mon numérique,
JÂ’ai trouvé ma raison de vivre,
CÂ’est mon pÂ’tit côté artistique,
Photographier la mort mÂ’enivre.
JÂ’nÂ’ai pourtant pas des goûts morbides
Mais quand je croise un accident,
Je sais cÂ’la peu paraître stupide,
Je prends une photo du mourant.
Et je lui chante avec douceur,
Pour ne pas trop le bousculer,
Ces vers que je connais par cœur,
Afin dÂ’un peu le consoler.
Souris pour la photo,
Allez un peu dÂ’courage,
Demain dans les journaux,
Tu sÂ’ras en première page,
Et avant de mourir,
Fais un geste émouvant,
Juste pour attendrir
Les généreux braves gens.
Au moindre tremblement de terre,
De préférence avec victimes,
Je saute dans lÂ’avion, volontaire,
En rêvant de clichés sublimes.
Les ruines et les murs qui sÂ’écroulent
Ne mÂ’intéressent pas vraiment,
Je leur préfère surtout la foule
Que jÂ’observe attentivement.
Et quand je trouve enfin une proie,
Certes, si possible, couverte de sang,
Je lui chante dÂ’une douce voix,
Ces vers tellement innocents.
Souris pour la photo,
Allez un peu dÂ’courage,
Demain dans les journaux,
Tu sÂ’ras en première page,
Et avant de mourir,
Fais un geste émouvant,
Juste pour attendrir
Les généreux braves gens.
Vous mÂ’affirmez que cÂ’est odieux
De photographier la souffrance
Que les médias, très consciencieux,
Diffusent en boucle et à outrance.
Mais pour faire parler votre cœur
Et pulvériser lÂ’audimat,
Il faut toujours plus de malheurs,
Il faut que lÂ’émotion éclate.
Alors je filme sans remords
Un pauvre enfant à lÂ’agonie,
Pendant que sa vie sÂ’évapore,
Je lui chuchote cette litanie.
Souris pour la photo,
Allez un peu dÂ’courage,
Demain dans les journaux,
Tu sÂ’ras en première page,
Et avant de mourir,
Fais un geste émouvant,
Juste pour attendrir
Les généreux braves gens.
A force de côtoyer la mort,
Elle va bien finir par me prendre,
Sans vouloir jouer les matamores,
Je la laissÂ’rai faire sans esclandre.
Mon numérique sur son trépied
Fixera mon dernier soupir,
Mon départ pour lÂ’éternité,
Je me dois de le réussir.
Et les fantômes de mes clients
Me chant’ront doucement en chœur
Ce beau refrain attendrissant
QuÂ’ils connaissent, forcément, par cœur.
Souris pour la photo,
Allez un peu dÂ’courage,
Demain dans les journaux,
Tu sÂ’ras en première page,
Et avant de mourir,
Fais un geste émouvant,
Juste pour attendrir
Les généreux braves gens.
Tout lÂ’monde sÂ’en fout !
Tout lÂ’monde se fout
De tes chansons,
Tout lÂ’monde sÂ’en fout
Crénom de nom.
Personne nÂ’les lit
Tes pÂ’tites chansons,
Personne nÂ’en rit,
Crénom de nom.
Bien sur il y a mieux à faire,
SÂ’occuper de ses pÂ’tites affaires,
Pleurer sur ses petites misères,
En sÂ’grattant discrètÂ’ment lÂ’derrière.
Tout lÂ’monde se fout
De ta santé,
Tout lÂ’monde sÂ’en fout,
Tu peux crever,
Personne ne pleure,
Sur ta santé,
Tes grosses douleurs
Font rigoler.
Bien sur il y a mieux à faire,
SÂ’occuper de ses pÂ’tites artères,
Pleurer sur ses petites misères
En sÂ’grattant discrètÂ’ment lÂ’derrière.
Tout lÂ’monde se fout
QuÂ’tu manques de pain,
Tout lÂ’monde sÂ’en fout,
Oui cÂ’est certain,
Et si tÂ’as soif,
NÂ’espère pas dÂ’ vin,
Même en carafe,
Non ce sÂ’ra rien.
Bien sur il y a mieux à faire,
SÂ’apitoyer sur la vie chère,
Pleurer sur ses petites misères,
En sÂ’grattant discrètÂ’ment lÂ’derrière.
Tout lÂ’monde se fout
De tes idées,
Tout lÂ’monde sÂ’en fout,
Faut les garder,
Et tes discours,
Ils font bailler,
Tout lÂ’monde est sourd,
Faut la fermer.
Bien sur il y a mieux à faire,
Parler sur un ton très amer,
Pleurer sur ses petites misères,
En sÂ’grattant discrètÂ’ment lÂ’derrière.
Tout lÂ’monde se fout
QuÂ’tu casses ta pipe,
Tout lÂ’monde sÂ’en fout,
Mon pauvre type,
Personne nÂ’priera,
Question dÂ’principe,
Pour toi mon gars,
Mon pauvre type.
Bien sur il y a mieux à faire,
Prévoir sa petite mise en bière,
Sa petite place dans un cimÂ’tière,
En sÂ’grattant discrètÂ’ment lÂ’derrière.
Tout lÂ’monde se fout
De tes chansons,
Tout lÂ’monde sÂ’en fout
Crénom de nom.
Personne nÂ’les lit
Tes pÂ’tites chansons,
Personne nÂ’en rit,
Crénom de nom.
A bientôt
Jean-Pierre
