Avec Bénabar sur la route de la promo - Le Parisien 13/10/08
Posté : 13 oct. 2008 7:54
SourceEmmanuel Marolle pour Le Parisien a écrit :Avec Bénabar sur la route de la promo
Pour lancer son cinquième album, l’excellent « Infréquentable », qui sort aujourd’hui, le chanteur est allé à la rencontre de la presse et de son public en province. Nous l’avons accompagné, durant deux jours, pour le voir à l’oeuvre.
«J’ESPÈRE qu’on t’en met plein la vue, là ? » Bénabar fait le malin en accueillant un journaliste dans une suite luxueuse d’un grand hôtel de Strasbourg. C’est là qu’il reçoit la presse locale, en ce 6 octobre, une semaine avant la sortie de son cinquième album, « Infréquentable », disponible aujourd’hui.
En préambule, il commande une bonne vieille Kro plutôt que du champagne. Pourtant, on est loin des bistrots exigus où il a essuyé les plâtres de ses premières chansons, il y a près de quinze ans. Normal. Aujourd’hui, Bénabar est un poids lourd. Il a vendu plus d’un million d’exemplaires de son précédent album, « Reprise des négociations », porté par le tube « le Dîner », et rivalise désormais avec Johnny, Voulzy ou Cabrel. Alors forcément, on le bichonne. La télé ne fonctionne pas dans sa chambre ? La réception se met en branle pour le faire déménager, même à 2 heures du matin. Il réclame une tournée de promotion pas comme les autres ? Sa maison de disques acquiesce et débloque le budget.
A 39 ans, Bénabar, de son vrai nom Bruno Nicolini, assume son nouveau statut de chanteur populaire, mais n’oublie pas d’où il vient. Pour défendre ce nouvel album, il est allé, comme toujours, au charbon, à la rencontre de son public en province, dans quelques grandes villes dont Strasbourg lundi et Lille le lendemain. Via les médias locaux, une centaine de privilégiés ont été invités à écouter son disque en avant-première et à le rencontrer. « Ce n’est pas une façon de jouer la proximité, prévient-il. Je ne suis pas là pour acheter les suffrages du public. »
Une fan insistante
Le premier rendez-vous a lieu à la Laiterie de Strasbourg, haut lieu de concerts. Bénabar débarque vers 20 heures, alors que les gens viennent de découvrir « Infréquentable ». « Il a vraiment sa patte. Dans la mélodie, les textes, on le reconnaît en trois secondes », s’enthousiasme Caroline, 25 ans. La discussion s’engage avec l’artiste, qui enchaîne dédicaces et photos. Hélène, 15 ans, trépigne. Elle porte un tee-shirt rouge à la gloire de son idole. « J’ai entendu le Dîner à la radio et j’ai acheté ses albums. J’aime bien sa façon de parler des choses simples avec simplicité. Ce sont des moments de vie, comme sa chanson Adolescente qui me correspond bien. Dans ma chambre, j’ai collé aux murs mes phrases préférées de ses textes. »
Pendant ce temps, Bénabar est aux prises avec une fan insistante qui veut lui faire signer et ressigner des autographes, dont un « pour une copine qui ne t’aime pas ». « Je lui ai dit : Maintenant, il faut que tu te casses, nous racontera-t-il un peu plus tard dans la soirée. Comme celle de la semaine dernière à Bordeaux. Elle regrettait que je n’aie pas chanté. J’ai fini par lui lancer en rigolant : Je suis désolé de t’avoir déçue en t’accueillant avec mon album, des petits-fours et du champagne ! Elle l’a super mal pris. » Sinon, tout le monde repart content, comme Olivier, 28 ans : « Il parle de moi dans ses chansons : Quatre Murs et un toit m’a ouvert les yeux sur ma maison de famille. Dans le nouveau disque, Où t’étais passé, sur l’amitié entre mecs, est aussi bien vu. » La soirée aurait été idyllique si le marqueur utilisé pour les autographes n’avait pas fait des siennes. « Finalement, il n’était pas indélébile… »
Questions surréalistes
Quelques heures auparavant, au micro d’une radio, Bénabar s’est emporté contre un article le présentant comme un chanteur poussiéreux, voire poujadiste. A la fin de l’entretien, il a demandé à ce que ce passage soit coupé au montage. Dans sa suite strasbourgeoise, il garde cette fois son sang-froid face à un interlocuteur balançant des questions surréalistes, du genre « Est-ce l’album de la maturité ? » ou « Avez-vous une déclaration à faire sur le nouveau disque ? » On pense à un petit frère de Raphaël Mezrahi. « Un moment, j’ai cru qu’il se foutait de ma gueule », confirme le chanteur.
Tout va mieux le lendemain, à Lille, où les Nordistes sont emballés par le disque et se lâchent, alors que Bénabar apparaît plus décontracté que la veille. « Bruno, on va se marier dans quelques mois et on voulait te suggérer de faire un titre sur les plans de table… » La star note la proposition, puis évoque sa vie de famille rangée, une femme, un fils de 4 ans. « Mais je ne désespère pas de niquer en tournée ! » balance-t-il, provoquant l’hilarité générale. Catherine, 42 ans, jubile : « Que j’aie le moral ou pas, je l’écoute tout le temps. Il me fait du bien. Je me reconnais tellement dans ses chansons que j’ai l’impression qu’il vit avec nous. » Même au naturel, Bénabar en met plein la vue.