LA MÔME d'Olivier Dahan
La Môme n'est peut-être pas le (très ?) grand film qu'on pouvait espérer, mais c'est un très beau film, qui va forcément laisser des traces. Ce qui empêche
La Môme d'être le film parfait qu'on espérait
(si tant est que la perfection existe), c'est peut-être tout simplement ce petit quelque chose qui gêne toujours un peu - plus ou moins - dans toute biographie. Voir des acteurs, des actrices incarner des gens célèbres, c'est toujours un peu bizarre. Marion Cotillard est-elle, pour commencer, une Edith Piaf « crédible »? Parfois oui (les débuts, la « période Marcel Cerdan » par exemple ?), parfois un peu moins (la Piaf des derniers jours, détruite, à bout de forces, déglinguée : on voit surtout la « performance »). Par moments, on voit Piaf (ou presque); à d'autres, on voit une actrice qui joue Piaf. Mais ce que fait Marion Cotillard est, quoi qu'il en soit, exceptionnel.
Le principal « défaut » du film
(si on peut appeler ça un défaut...), c'est sans doute sa construction, ou plutôt sa « déconstruction », son récit éclaté qui entremêle les différentes périodes de la vie de Piaf, privant le film d'une montée en puissance narrative et émotionnelle qu'aurait probablement offerte un récit linéaire et brisant en quelque sorte l'élan lyrique du film. Mais l'émotion n'est pas absente du film, loin de là ! Même si le film bouleverse un peu moins que prévu. Ce qui bouleverse le plus ici, peut-être, c'est l'enfance d'Edith, qui trouve l'affection dont elle a probablement manqué jusque-là dans l'endroit le plus inattendu, puisqu'il s'agit... d'un bordel (celui que tient sa grand-mère paternelle). Mais son père vient la rechercher. La scène dans laquelle Edith est arrachée à celle qui s'est occupée d'elle comme de sa fille (Titine) évoque
The Kid de Chaplin
(est-ce conscient de la part d'Olivier Dahan ? - mais il n'y a peut-être pas cinquante façons de filmer une scène comme celle-ci...). Les deux interprètes d'Edith enfant, Manon Chevallier et Pauline Burlet, sont miraculeuses, particulièrement la première (la plus jeune). Formellement, Olivier Dahan et son directeur de la photographie Tetsuo Nagata ont fait un travail magnifique.
Il va sans dire que le film doit énormément à sa somptueuse distribution, y compris pour des rôles secondaires ou même des petits rôles - mais même les petits rôles sont ici mémorables. Il faudrait citer tout le monde. Pascal Greggory évidemment (
l'immense Pascal Greggory, que j'aime un peu plus à chaque film 
); Jean-Paul Rouve, magnifique; Marc Barbé, qui l'est presque autant. Jean-Pierre Martins, qui joue Cerdan, et Gérard Depardieu ne sont pas mal non plus. Pour ce qui est des actrices (outre Marion Cotillard), il faut citer en tout premier lieu Emmanuelle Seigner, admirable
(c'est elle qui joue Titine); et puis les autres, Sylvie Testud, Clotilde Courau, Catherine Allégret...
Un film à voir évidemment.