MA PREMIàˆRE GORGà‰E D'ALDEBERT
Un premier concert d'Aldebert (Rennes - 2 juin 2004) pourrait figurer, au même titre que la première gorgée de bière ou qu'une main plongée dans un sac rempli de graines, parmi les petits plaisirs de la vie, plus ou moins microscopiques... tout comme faire sa première revue
...
[comme toute revue, celle-ci contient des secrets d'à‰tat... alors un conseil : ne pas effectuer d'écoutes internétiques]
Petit plantage de décor liminiaire : (ou annonce subreptice d'un racontage de vie en bonne et due forme
... pour ceux que ça n'intéresserait pas, tous sauf moi, vous pouvez passer directement au second paragraphe
)
Ayant troqué, depuis le début de l'année, mon étiquette de "rat de bibliothèque" pour celle de "souris des salles de concert", il m'est difficile de trouver à chaque fois, dans mon entourage, des accompagnateurs. Néanmoins, inutile de dire que je préfère y aller seule que ne pas y aller du tout. Me voilà donc, enfourchant ma monture sandalesque, partie pour découvrir le 5ème mousquetaire. Premier hic : c'est un petit bar et non une salle de concert stricto sensu ; ce qui, en dépit de ses nombreux avantages, a le triste inconvénient de rendre ostentatoires les solitaires, ridicules au milieu des groupes d'amis riant follement. Et, comme un malheur n'arrive jamais seul, je suis arrivée en avance (on est maniaque de la montre ou on ne l'est pas ; moi je suis dans la catégorie de ceux qui arrivent toujours en avance, même si je trouve super naze de mettre les gens dans des cases) ; ce qui ne fait que prolonger la souffrance, l'attente honteuse en se sentant un peu une brebis galeuse. Accrochée au bar (le pilori des barophiles solitaires), regardant à droite à gauche le mur et la déco, enchaînant clopes, demis, regardages de portables (qui ont à la fois le but de m'occuper et de crier à la foule "si, si j'vous jure, j'ai des amis, j'suis pas Remy"
), j'attend près de 45 minutes... tic, tac, tic, tac... un grand moment de solitude...
Et la lumière fut...
Le premier jour, Dieu créa l'ambiance... un bar vraiment très joli, une déco genre négligée-calculée avec des murs remplis d'objets rétro et d'oeuvres d'un artiste du coin, un cadre agréable qui se prête très bien aux concerts intimistes ... hélà s, le public n'était pas vraiment au rendez-vous : le lino de la partie "concert" du bar était encore visible... j'ai l'impression que ça crée une sorte de malaise instinctif entre les artistes et le public : le second anticipant l'éventuelle déception des premiers, recherchant presque à s'excuser, avec des regards de chien battu, d'être membre d'une ville pas très accueillante... le malaise se dissipe rapidement... par ailleurs, je suis assez surprise d'être parmi les plus jeunes du public, majoritairement composé de jeunes trentenaires !
Le deuxième jour, Dieu créa le cri de rassemblement... une sorte d'annonce kitsch mi-cirque mi-cabaret qui avertit que le début du concert est imminent et qui présente humorisquement Aldebert ! Chouette !
Le troisième jour, Dieu créa le groupe... voilà ils s'acheminent sur la scène... que dis-je ? c'est un rocher, un cailloux... une petite scène riquiqui où la p'tite troupe rentre tout juste... d'ailleurs, lors des présentations des musiciens, Guillaume a dit "X à la basse et à la contr... euh zut pas de contrebasse cette fois, on n'a pas pu"... donc le groupe : le batteur Julien plus que craquant
; le guitariste tantôt accousticien tantôt éléctricien, dit la Chicane, et son coté kitschou-rétro rigolo
; le bassiste Groin-Groin (Stéphane) aux yeux de félin et à la boucle d'oreille façon années 90
; le pianiste-accordéoniste Touf Le Grand et sa bouille de nounours sympathique
... et Guillaume, son jeu de scène remarquable et drôlissime, ses mimiques accompagnant les chansons, son talent
...
Le quatrième jour, Dieu crée les chansons des albums... le "show" commença par "Saint'nitouche" et se clôtura par "Vivement la fin"(comme par hasard)... et dans le désordre il y eut : la méthode couette (ma préférée... tout le monde reprenant en choeur le slogan révolutionnaire "pour vivre heureux, vivons couchés"...) ; sur place ou à emporter ; casanova ou quasimodo ; hypocondriaque ; rien qu'un été ; un mariage t'reggae ; tête en l'air ; rentrée des classes ; indélibile (en rappel et en solo.. émouvant) ... j'en oublie peut-être... une vrai moment de bonheur !!
Le cinquième jour, Dieu créa les chansons hors albums... "La femme de mon pote" ou comment démontrer que non seulement y'a des jours où Cupidon s'en fou mais que y'en a aussi d'autres où il rate l'envoi de ses flêchettes... la maginfique "Déménagements" (ou "Des ménagements") ou comment raconter avec émotion et talent la sempiternelle rupture ... "Carpe diem" ou comment se souvenir des Nouveaux arrivant dans la classe en milieu d'année et attirant l'attention de la totalité des élèves... "La complainte d'un ex-fumeur" ou comment conter le parcours du combattant anti-nicotinique... de très belles surprises...
Le sixième jour, Dieu créa les gags scèniques... le jet de confettis et la marche nuptiale pour "Un mariage t'reggae" ; une séance de vautou sur une fétiche (qui m'a fait pensé à M. Keu-hul) représentant M. Martineau pour "Rentrée des classes" ; la pause-clope des musiciens et le rapprochement avec une blonde du public pour "La complainte d'un ex fumeur" ; le buvage de "topinette" (orthographe inconnue
) mélange détonnant des crus des lieux de concert (ajout d'un peu de Chouchen pour chez nous
) ; les petites affichette pour aider le public à reprendre le refrain de "Vivement la fin" ... et tous les speech introductifs des chansons pleins d'humour ...
Le septième jour, Dieu créa la joie des concerts qui font qu'on garde son sourire niais figé tout au long du parcours pédestre qui nous ramène chez nous, qu'on reste rêveur et contemplatif, qu'on se sent si bien à marcher avec un petit vent léger sous le ciel d'une nuit estivale... si ce n'est pas le bonheur, ça y ressemble... est arrivé le moment tant attendu de la citation de Bénabar ... d'une pierre deux coups, c'est aussi le moment où l'on fait participer le public :
taper 1 pour : "c'est du bonheur en p'tite monnaie"
taper 2 pour : "elle est pas belle la vie ? Advienne que pourra ! Inch'Allah ! Youpi !"
Biz'
Styx qui a savouré Aldebert sur place et a emporté les restes dans sa tête
PS : soyez indulgent, c'est ma 1ère revue ! Et désolé c'est un peu long et personnel
pour l'info!
dire qu'il y a encore pas longtemps j'habitais tout près du Sablier)
