Bénabar nous parle cash, L'Expansion 2/12/2011

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Bénabar nous parle cash, L'Expansion 2/12/2011

Message par Num »

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En ce mardi d'été indien, on rejoint Bénabar dans un petit bar de quartier, proche du bois de Vincennes, où il a ses habitudes. Il vient de finaliser son nouvel album (Les bénéfices du doute, disponible le 5 décembre) et semble à la fois exténué et heureux de partir en tournée.

Après des incursions au théâtre et au cinéma, comment s'est opéré votre retour à la musique ?

Très franchement, l'impulsion a été posée il y a dix ans. J'écris des chansons en permanence et parfois les gens avec lesquels je travaille me disent : " Ce serait bien que tu fasses un nouvel album ". Je ne travaille pas en termes d'album, j'écris et quand j'ai assez de nouveaux titres, je rentre en studio et je fais le tri. J'écris continuellement et ce processus m'épuise. Je travaille sans cesse. Quand je suis au théâtre, je continue à composer. Quand tu es auteur, tu n'as pas le choix. Je suis un auteur très heureux. J'ai 42 ans, deux enfants et une femme que j'aime.
Bénabar nous parle cash

Ce n'est pas un problème d'être trop heureux quand on veut écrire ?

A l'intérieur de moi ça continue de remuer, c'est très compliqué. J'en ai vraiment marre de moi et de mes complications intérieures. Je vis dans une tempête permanente, ça tangue de tous les côtés.

Etes-vous du style à écrire un texte d'une traite sur un coin de nappe, en fin de repas ?

Non, pas du tout ! Je mûris longuement chacun de mes textes. Je réécris beaucoup, je mets souvent un an pour finaliser un texte avant de le livrer au public. Cela me vient de mon expérience d'auteur et scénariste pour la télé.

Entre la scène, l'écriture et le studio, que préférez-vous ?

L'écriture est douloureuse mais c'est mon travail. Depuis que je suis enfant, j'ai toujours écrit. Après, je suis devenu chanteur car c'est un rôle qui me plaît. Le studio n'est qu'une formalité. J'adore la scène, être entouré par les musiciens, parler aux gens, sentir le public réagir aux émotions que j'essaie de faire passer dans mes chansons. C'est extrêmement valorisant... Un concert, c'est un moment de vérité. On a terminé l'album hier et je suis d'ailleurs très content de partir avec les musiciens en tournée. Ce sont mes copains. Denis, qui joue de l'accordéon, je le connais depuis vingt ans, on faisait les bistros ensemble à mes débuts. Je ne ressemble peut-être pas à un vieux de la vieille, mais j'en suis un !

Le tarif des billets de vos concerts est très faible, c'est important pour vous ?

Sur toutes mes tournées, je veille à demander un cachet assez bas, pour que les places soient accessibles. Avec Cali, nous sommes les deux qui demandons les cachets les moins élevés, même quand ça cartonne. On ne veut pas voler les gens. La vie est de plus en plus difficile pour une grande partie de la population, alors je suis solidaire.

Cette année 2011 a vu le monde connaître de nombreux bouleversements, cela vous a-t-il inspiré ?

Je suis hypersensible au monde qui m'entoure et j'ai essayé de traduire cette inquiétude dans mes nouvelles chansons. Pour moi, je vis cette hypersensibilité comme un fardeau. Quand j'écris, je ne me fixe pas de limite.

Vous sentez-vous proche d'autres artistes ?

Cali, Vincent Delerm, Michel Delpech, Aldebert... Ce sont mes potes, j'ai aussi deux ou trois ennemis mais j'ai surtout beaucoup d'amis dont je me sens proche.

Comment vous êtes-vous retrouvés dans le monde entier sur la BO de Cars 2 ?

Ils m'ont appelé et je suis parti en Californie, près de San Francisco, au Skywalker Ranch de George Lucas. C'est un petit pays avec un niveau de sécurité inimaginable où je faisais mon footing sous les yeux de gardes avec des fusils. J'étais dirigé en studio comme un acteur par John Lasseter, le réalisateur du film, et Michael Giacchino, compositeur des BO de Lost et Star Trek... Je me sentais comme un branleur et je me disais : c'est pas possible, je vais me faire jeter. Par la suite, John Lasseter et moi avons sympathisé et je lui ai organisé un dîner à Paris chez mon ami Jean-François Piège. C'était magique, c'est un génie !

Vous avez terminé en juin la tournée de Quelqu'un comme vous, mis en scène par Isabelle Nanty avec Jacques Weber. Qu'avez-vous retiré de cette expérience ?

C'était génial ! Jouer tous les soirs est une expérience fabuleuse qui m'a énormément apporté. Mais j'ai surtout aimé jouer avec Jacques Weber, qui est un partenaire magnifique. Sans lui, je me serais suicidé ! La pression du public, la peur du trou de mémoire... Tout ça est dur à gérer au quotidien. Ma femme est venue me voir à Lyon et je n'arrivais pas à monter sur scène. Ce n'est pas une histoire de trac : quand je chante, je n'ai pas le trac. C'est plutôt la peur de ne pas être au niveau qui me paralysait avant de rentrer sur scène. Néanmoins, l'expérience a été très enrichissante même si je ne mesure pas encore tout ce que cela m'a apporté.

Si vous ne deviez garder qu'un souvenir de cette belle expérience...

Ce serait la formidable histoire d'amitié que j'ai vécue avec Jacques Weber et Isabelle Nanty. C'est suffisamment rare dans ce métier pour être souligné... J'avais déjà vécu une aventure humaine similaire sur le tournage d'Incognito. Ce n'est pas sûr que je refasse un film un jour, et je ne le referais pas dans n'importe quelle condition, je serais vigilant si un projet se présentait à moi. Je suis content de n'avoir fait qu'un seul film et que ce soit celui-ci. On me dit qu'il faut que j'en refasse d'autres et vu les montants des cachets, il n'est pas impossible que je refuse. Ce sont des salaires mirobolants et j'avoue que ça compte pour moi ! Néanmoins, l'idée de n'avoir fait qu'Incognito me plaît. C'est un super film de copains, en plus, il a vraiment bien marché, il devient un peu culte : ça me convient tout à fait. A la fin de ma tournée, Jacques Wéber m'a dit : avant deux ans, il faut que tu rejoues, pour ne pas perdre la main. En six mois sur la route avec lui, j'ai appris plein de choses sur ce métier et j'aimerais vraiment devenir un bon acteur. Quand on touche cette profession du doigt, on a envie d'en connaître les finesses et les dessous pour prendre davantage son pied et mieux servir le projet.

Le fait d'avoir travaillé comme scénariste a-t-il changé votre façon de regarder la télé ?

Je la regarde différemment en effet : c'est un outil beaucoup plus artisanal que ne le pense le public. De l'extérieur, on a l'impression d'une énorme machine très léchée qui ne laisse aucune place au hasard alors que ce n'est pas du tout le cas. L'écriture pour le petit écran continue de m'intéresser. C'est un travail différent, mais je rêve d'y retourner un jour.

Après la télé, la musique, le ciné, le théâtre, rêvez-vous d'explorer d'autres domaines ?

Je veux continuer à faire des chansons. C'est mon vrai métier et le reste, c'est en plus. Le public peut me dégager d'un jour à l'autre, ne plus accrocher à mes chansons. Je sais que je suis sur la corde raide et que je peux tomber à l'eau d'un jour à l'autre, mais je vis avec. Pire, j'aime cette position. Je vis avec ma valise, prêt à changer de vie. Je ne veux pas d'un CDI de chanteur.

Avec les échéances politiques qui approchent, pensez-vous toujours vous engager ?

Je suis et je reste de gauche. Ca veut dire payer ses impôts, croire au service public et être vigilant avec le PS pour qu'il assure : non-cumul des mandats mais aussi droit de vote des étrangers...

Comment vous imaginez-vous dans dix ans ?

Je suis très superstitieux et ne veux pas me projeter. Dans dix ans... Je ne sais pas, je préfère ne pas y penser.

Quand avez-vous été le plus heureux ?

Je pense que ce n'est pas encore arrivé. J'attends que ça arrive avec mes enfants, mes parents ou mes frères... et c'est un motif d'espoir.

Où rêveriez-vous d'être maintenant ?

A deux maisons de là, chez moi.

Que vouliez-vous faire quand vous étiez enfant ?

Je rêvais d'être un clown, d'où mon nom de scène (Bénabar, c'est Barnabé en verlan, un nom de clown selon lui, NDLR) !
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laurence*
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Re: Bénabar nous parle cash, L'Expansion 2/12/2011

Message par laurence* »

Jolie interview, merci Mareck (et Num :wink: )
Même serrées à cinq dans une chambre de Formule 1, j'échangerais pas ma place... même si on dort par terre!

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