JESSE JAMES (LE BRIGAND BIEN-AIMÉ) de Henry King (1939)
Comme le titre l'indique, le film raconte l'histoire de... Jesse James, à la manière du cinéma américain de l'époque (1939), c'est-à -dire avec un certain romantisme, en simplifiant beaucoup et en ne respectant pas forcément la vérité historique. Le romantisme du film peut déranger (Jesse James était quand même un criminel...), même si Jesse et Frank James ont de bonnes raisons, au départ, de s'attaquer à la compagnie de chemins de fer... du moins si on s'en tient aux faits tels qu'ils sont relatés ici - au début du film, on est forcément de leur côté. En même temps, ce romantisme contribue au charme du film. Du charme, le film, en l'occurrence, n'en manque pas.
Jesse James est un beau western classique tourné dans un splendide Technicolor (à une époque où le noir et blanc était encore largement majoritaire), un western assez captivant, séduisant, qui procure un plaisir certain, avec une très belle distribution dominée par
(le beau) Tyrone Power - Henry Fonda est plus en retrait. En bref, c'est très hollywoodien, mais formidable. Alors bien sûr, Henry King n'est pas John Ford, mais le film est quoi qu'il en soit une jolie réussite.
Avec tout ça, j'aurais peut-être dû aller voir The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford...
SHADOWS IN PARADISE d'Aki Kaurismäki (1986)
C'est la rencontre de deux solitudes, celle de Nikander (Matti Pellonpää), éboueur de son état, et celle d'Ilona (Kati Outinen), caissière au supermarché du coin...
Réalisé en 1986,
Shadows in Paradise est du pur Kaurismäki, où l'on retrouve un univers devenu familier avec les années. Ce n'est pas le plus grand Kaurismäki, mais c'est un beau film qui pourrait être sinistre, mais qui transcende la misère sociale et affective et la désolation des « paysages » urbains déshumanisés qui servent de décors au film par une humanité de chaque instant et une poésie toute « kaurismäkienne ». Oui, Kaurismäki réussit à faire de la poésie avec la réalité la plus triviale qui soit
(heureusement ? sinon, le film pourrait donner des envies de suicide... ). Le film est très court (1 heure 16), mais en même temps très dense. Kaurismäki va à l'essentiel. C'est laconique (Kaurismäki n'est pas du genre expansif), juste, apparemment banal, mais le film nous touche, nous parle - notamment parce qu'il parle de nous ? Aucune condescendance ici à l'égard des personnages. Kaurismäki aime ses personnages et leur donne une chance. Ce pourrait être étouffant de désespoir, mais il y a cette lumière, cet espoir au bout du chemin.
Un très bon Kaurismäki, qui, s'il n'atteint pas les sommets, par exemple, d'
Au loin s'en vont les nuages, est une belle découverte.
Alors, lundi soir, avant-première de Paris, le film de Cédric Klapisch, en présence de Romain Duris et Fabrice Luchini...
Je sais, la photo est moche... mais j'en ai des bien pires... J'ai aussi une petite vidéo toute pourrie. C'est bien simple : on ne voit quasiment rien...
Mais quelqu'un a fait une vidéo presque aussi moche que la mienne (mais plus longue)...
PARIS de Cédric Klapisch
C'est l'histoire de Pierre; il est malade (du cœur) et n'en a peut-être plus pour très longtemps. C'est l'histoire, aussi, d'Elise, la sœur de Pierre, qui décide, à l'annonce de la maladie, d'aller s'installer avec ses enfants chez son frère. Celle de Roland, prof d'histoire à la Sorbonne, qui tombe amoureux de l'une de ses élèves. Celle de Philippe, le frère de Roland. Celle de Jean, de Caroline, de Franky, de Benoît... Il y a beaucoup de personnages dans le dernier film de Cédric Klapisch, sans doute trop. Klapisch multiplie les intrigues et les personnages « périphériques », trop nombreux pour tous exister. C'est comme si Klapisch avait voulu passer en revue toutes les classes sociales qui cohabitent à Paris. D'où un effet catalogue. Le film est une alternance de scènes magnifiques (les plus belles sont celles qui réunissent Romain Duris et Juliette Binoche - les films qui explorent d'une manière aussi forte les rapports entre frère(s) et sœur(s) ne sont pas si courants; mais Fabrice Luchini a de très belles choses à jouer aussi) et de scènes plus convenues, plus superficielles. A trop se disperser, le film tombe parfois dans l'anecdotique (et aussi dans la carte postale : c'est sûr, on ne peut pas oublier qu'on est à Paris...). Ce film qui parle de choses essentielles (la vie, l'amour, la mort, les rapports humains...) manque parfois de profondeur. Et c'est dommage. Ce qui manque au film, n'est-ce pas, quand même, un vrai grand cinéaste derrière la caméra ? Au hasard, un Téchiné ? un Desplechin ?
Sinon, quelques mots sur les acteurs.
Paris réunit tout de même l'une des plus belles distributions qu'on ait vues récemment. Romain Duris (qui trouve ici un nouveau très beau rôle de la maturité), intense. Juliette Binoche comme on ne l'avait pas vue depuis longtemps, belle, fragile, intense elle aussi, autrement dit : bouleversante. Et puis Fabrice Luchini, formidable en mélancolique dépressif, mais qui se lâche aussi...
(Mais c'est presque décevant de le revoir au cinéma après l'avoir revu (et rerevu) au théâtre. J'ai l'impression que le théâtre est tout de même plus son "élément"... J'ai l'impression qu'il peut davantage "s'exprimer" au théâtre.) Il y a aussi Albert Dupontel, magnifique. Julie Ferrier, vraiment très bien, tout comme Mélanie Laurent. Karin Viard, qui se sort bien d'un rôle un peu caricatural. Et quelques jolies apparitions de Sabrina Ouazani
(vue notamment chez Abdellatif Kechiche). Même François Cluzet n'est pas mal...
pour une fois.
A part ça, la bande-annonce en montre dix fois trop ! On a l'impression d'avoir déjà vu la moitié du film avant même de le voir...
En conclusion, le bilan, tout de même, est globalement positif, mais le film aurait gagné à se resserrer sur 4 ou 5 personnages. N'est pas Robert Altman qui veut...