Festen, d'après Thomas Vinterberg, mis en scène par Christian Denisart (
agenda jusqu'en mai, quasi qu'en Suisse...)
Oui le film de 1998 (prix du Jury de Cannes) a été adapté
en pièce de théâtre. Il s'y prêtait vraiment bien je trouve (unité de lieu, temps et action). Le film fait partie du Dogme95 crée (pour de rire un soir de beuverie?) par son auteur et Lars Von Trier, donc caméra à l'épaule, pas de lumières autre que naturelles, pas de musique, pas de maquillage spécial... bref un côté brut et cru qui marque durablement (parce que y a un très bon réalisateur derrière aussi).
Au théâtre, c'est particulier car les sièges sont en forme de U. Au milieu de ce U, il y a la table à manger et au bout des branches du U, une scène (pour les apartés, chambres, entrée, cuisine etc). Les spectateurs sont vraiment très près des acteurs (j'étais à moins de 2m de la mère) et y a même 4 spectateurs volontaires qui font les convives. La troupe est constituée d'acteurs pro confirmés, d'acteurs pro débutants, de pro en improvisation.... Bref le stratagème est déroutant mais rend justice à l'esprit du film.
L'histoire car il y en a une
allociné a écrit :Tout le monde a été invité pour les soixante ans du chef de famille. La famille, les amis se retrouvent dans le manoir d'Helge Klingenfelt. Christian, le fils aîné de Helge, est chargé par son père de dire quelques mots au cours du dîner, sur sa soeur jumelle, Linda, morte un an plus tôt. Tandis qu'au sous-sol tout se prépare avec pour chef d'orchestre Kim, le chef cuisinier, ami d'enfance de Christian, le maître de cérémonie convie les invités à passer à table. Personne ne se doute de rien, quand Christian se lève pour faire son discours et révéler de terribles secrets.
Christian a réussi sa vie professionnelle (pas sentimentale en revanche), il a deux restos à Paris et va en ouvrir un à Lyon, il revient exprès pour les 60 ans de son père. Il est classe, nerveux (on le serait à moins) mais prêt. Son jeune frère Michael (non invité) apparaît débraillé, colérique, beauf, traitant assez mal sa femme et sa fille. La soeur Helen est enjouée, le patriarche est très charmeur, sa femme, très pro.
C'est fortement dérangeant, mais c'est fait pour
Et soudain... c'est le drame. Ou justement pas. Et c'est fascinant. Car forcément on se dit "comment je réagirais moi dans telle situation?". On voit que la famille peut être un cercle très conservateur qui préfère rester dans un déni confortable et virer l'élément perturbateur. Ledit élément perturbateur n'est pas non plus parfait (la fuite à Paris alors que sa jumelle souffrait...). La jumelle est d'ailleurs très présente (et les fantômes sont rancuniers). Les appuis de Christian sont les domestiques et l'étranger à savoir l'ami d'Helen (toujours si excentrique) qui est noir (dans le film), maghrébin (ce soir) et qui se fait traiter "d'Oussama" puis qui a le droit d'entendre un charmant chant bien raciste repris en choeur par quasiment toute cette "gentille" bourgeoisie danoise. Le maitre de cérémonie est très "the show must go on" alors que la mère, au mieux, ferme les yeux sur les agissements de son mari.
L'ambiance est étouffante surtout que Christian insiste malgré le déni de plein de gens (même des proches). Bref la fête est gâchée, mais bon "heureusement" en "fête". La petite de 10 ans (qui n'est pas là par hasard non plus...)a un album de "Martine" intitulé "La surprise", hahaha, joli
un spectateur du film, sur Allociné a écrit :Ah... les fêtes de famille! "Festen", c'est votre pire cauchemar (ou votre pire fantasme): au cour de l'anniversaire de son père, alors que toute la famille est réunie, Christian se lève et commence des révélations pour le moins terrifiantes... Ce film danois atteint des sommets de cruauté psychologiques, à pleins de niveaux différents. Un seul personnage rejette l'hypocrisie, un seul personnage pour s'attaquer aux murailles bourgeoises. Dans un premier temps cette société dénie ces révélations puis tient tête, refusant de se laisser abattre. D'un côté comme de l'autre, il y a la rage d'écraser l'autre, une lutte implacable pour garder la face ou aller jusqu'au bout d'un aveu salutaire. Même ceux qui ne sont pas directement impliqués sont obligés de prendre un camp, et pourtant tellement voudraient fuir...Le maître de cérémonies, symbole de fausseté, est un des personnages les plus glaçants: la manière dont il relance sans cesse la fête et les invités est surréaliste. Tous les personnages sont incontrôlables, on frémit sans arrêt et on est rarement déçu. Qui détester le plus? Le frère qui se révèle à la fois violent, raté, et raciste, ou la mère qui ne laisse rien transparaître, toute en violence contenue? Plus la machination de Christian avance par ses aveux, plus on comprend dans le comportement des personnages l'absolue vérité de ses aveux. Tant qu'on ne sait rien, on ne se doute de rien. Très vite, l'horreur se lit dans les yeux de l'entourage, et c'est fa-sci-nant. Le film place tout le temps le spectateur dans une position hautement inconfortable, relayant la caméra dans le coin du plafond ou dans la cheminée.. On est jamais à notre place et le malaise est à son comble. Il y a une présence impalpable mais qui guide habite le film: celle de la soeur suicidée Ilda, qui guide son frère Christian. Ce film et ses fantômes vous poursuivent longtemps. Je doute que les fêtes de familles soient complètement les mêmes après l'avoir vu!
à voir sur scène ou sur un écran, ça fait réfléchir (et un peu mal au bide)
EDIT
le site de la compagnie théatrale en dit bien plus (trop?)