Abd Al Malik

[Cécilia]

Histoire de revenir au sujet du fil , je vous mets une petite vidéo que j'aime beaucoup... Le seul souci, c'est qu'on ne voit pas grand-chose... C'était au Printemps de Bourges...

[Cécilia]

Abd Al Malik à  la Fnac du Forum des Halles le 31 octobre...





La dernière n'est pas de moi... en fait, je suis sur la photo , mais je vous mets seulement Abd Al Malik...

[Stéfanie]

houlà là , j'suis plus la seule à  mitrailler, je vois....

...t'as pris de jolies photos, ccl...



...pas d'yeux rouges ni de kéhuls qui veulent piquer ton appareil photo, cette fois-ci...qu'est-ce que c'est bien, les rdv fnac, hein 8)

[Cécilia]

houlà là , j'suis plus la seule à  mitrailler, je vois....

...t'as pris de jolies photos, ccl...

J'en ai des moches aussi...

...pas d'yeux rouges

C'est parce que tu vois les photos en petit...

ni de kéhuls qui veulent piquer ton appareil photo, cette fois-ci...

J'ai quand même attendu de voir les réactions des gorilles quand les autres prenaient des photos avant de me lancer... On n'est jamais trop prudent... Eh bien, les gorilles n'ont pas bougé...

qu'est-ce que c'est bien, les rdv fnac, hein 8)

Je confirme... La séance de dédicaces à  la fin était juste un peu bordélique... Les dédicaces debout avec tout le monde agglutiné autour d'Abd Al Malik, c'était un peu n'importe quoi au niveau de l'organisation... Sans parler des filles qui voulaient des dédicaces pour toutes leurs copines...

[Cédric]

Ses musiciens sont bien.

A part ça, vous aimez ?

Si j'aime Abd Al Malik , c'est plus pour la musique, souvent bonne, que pour ces paroles insupportables toutes pleines de cette bonne conscience revendicative et des clichés victimaires habituels. Le rap ne devrait pas avoir besoin de respectabilité, de caution intellectuelle pour être intéressant.

[ln.miaoum]

Le rap ne devrait pas avoir besoin de respectabilité, de caution intellectuelle pour être intéressant.

Dans quelle mesure sa culture serait-elle une tare?
Si je pousse ta phrase au bord du gouffre, ça veut donc dire qu'on peut "slamer" n'importe quoi, que trois phrases approximatives en boucle et en beuglant, c'est intéressant, alors pourquoi pas le dictionnaire (remarque, ce ne serait pas nouveau, les surréalistes, à  moins que ce ne soit les dadas, en ont bien fait des lectures...) ?
A force de revendiquer une non culture ou une culture dite alternative, le cliché se casse la gueule tout seul, il en devient un: "moi j'aime le rap, le vrai qui vous dis merde, qu'a pas été formaté et qui connaît que le langage de la rue"...
Merde, maintenant c'est une tare d'être cultivé?
Ah oui, pardon, tu parlais d'un rappeur, c'est vrai que c'est antinomique...
Je me demande qui bouffe le plus de clichés...
Plaf, t'es tombé

[Cécilia]

Si j'aime Abd Al Malik , c'est plus pour la musique, souvent bonne, que pour ces paroles insupportables toutes pleines de cette bonne conscience revendicative et des clichés victimaires habituels.

Déjà , je me demande comment tu peux soi-disant aimer quelqu'un dont tu trouves les paroles insupportables... (Et puis c'est vrai que tu écris toi-même de si jolies choses... )

Bonne conscience ? Tu penses à  cette phrase de Soldat de plomb par exemple ?

Vive la France arc-en-ciel, unie et débarrassée de toutes ses peurs.

C'est peut-être une utopie, mais une belle utopie... Bonne conscience, non : conscience tout court... Et je pense qu'on en a besoin...



Clichés victimaires ? C'est tout le contraire !... Tu as écouté, entre autres, les paroles de la chanson Gibraltar ?

Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu'les tours empêchaient d'être.

[...]

Sur le détroit de Gibraltar y a un jeune noir qui prend vie, qui chante, dit enfin « je t'aime » à  cette vie.
Puis les autres le sentent, le suivent, ils veulent être or puisqu'ils sont cuivre.
Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d'étoiles, et déchirer à  leur tour cette peur qui les voile.

Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui n'est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n'est plus entrave.
Il appelle au courage celles et ceux qui n'ont plus confiance, il dit : "ramons tous à  la même cadence !!!".

Sinon, ln, pour ton post :

[ln.miaoum]

De rien, je savais que tu réagirais de toutes façons...

Mais ça me gave cette façon de penser, c'est la même chose que les antillais qui pensent que les leurs venus en métropole sont des bounty, noirs dehors/blancs dedans, comme les asiat' qui disent aux chinois du treizième que ce sont des bananes (même principe)...

Bref, le cliché tue le cliché: si abd al malik marche, c'est parce qu'il parle aux bobos, qu'il ratisse large, parce qu'il dit ce que nous sommes sensés vouloir entendre si j'ai bien compris cédric...

Ben ouai, mais désolée si je suis plus touchée par des paroles de rap qui sont liées à  ma vie/culture qu'aux petites misères du mastar qu'a grandit dans un ghetto avec une mère accro au crack, qu'a pris son premier fix à  4 ans, que sa vie, elle a été trop dure, mais que maintenant, il roule dans une super BM avec des air-bag que c'est ceux de son harem multi-siliconé (c'est un peu comme le version française des experts, des trucs inexportables des States que l'ont voudrait se faire passer à  Paris...)

Et même ça, c'est pourtant loin des origines du rap, c'est déjà  du méga-marketing, on est loin des sessions originales qui étaient de véritables joutes verbales...

Bref, contente que tu t'exprimes, ça met de l'animation, et on boute les telletubbies un peu plus loin.... Mais fais gaffe, il risque d'y avoir des suspicions de trollage si tu dis jamais un truc gentil, la solution, tu m'en dis à  moi, je suis méchante

Mais je me dis que j'ai peut être mal interprété ton post, et que tu pense justement qu'il fait du rap conforme à  ce que l'on attend du rap, et auquel cas, tout pareil que ccl, lis les paroles... C'est vrai qu'il y a quelque trucs qui m'ont agacés aussi, et je suis plus fan de la personne que des compos, mais reproche-t'on à  julio iglésias de faire du julio iglésias?

[Cédric]

Dans quelle mesure sa culture serait-elle une tare ?

C'est ni une tare ni un bienfait. C'est juste une manière d'approcher la musique, c'est quasiment indépendant du rendu et du talent du mec. Le discours dÂ’Abd Al Malik ne se contente pas de faire un constat. Il est rempli de cette insupportable idéologie ras les pâquerettes victimaire (j'insiste sur le terme) qui constitue l'essentiel du discours du rap français. Il y a plein de mots compliqués qui donnent l'illusion que c'est au-dessus du lot, mais ça n'est qu'une illusion, comme un texte compliqué de Philippe Sollers destiné à  faire croire aux neuneus qu'il fait de la bonne littérature.

Abd Al Malik ou Grand corps machin ne sont pas franchement plus futés que les autres, c'est juste qu'ils sont plus polis. Pour moi, le rap, c'est une affaire d'esthétique, d'attitude et de musique. Pas un mode d'édification des masses, pas un truc pour remplacer les déficiences de l'Education Nationale. Malik C'est un mec talentueux, pas de doute, il a quelque chose, mais de toute façon les sermons de curés servit par des rappeurs, ce nÂ’est pas mon truc.

[ln.miaoum]

Donc si je résume, on ne peut dire son ressenti qu'avec une certaine approche, suivant l'étiquette que l'on s'est choisit/fait coller?
Alors si il y a rap français, c'est obligatoirement un discours victimaire? Ben c'est quoi la différence avec le rap ricain, donnes moi des liens, parce que c'est exactement la même chose que je ressent chez eux, mais je ne demande pas mieux que de me tromper, j'en connais trop peu pour affirmer quelque chose de définitif, toujours est il que je trouve dur ton jugement sur les textes et de ramener ça à  une question de "gars propre sur lui( et pourtant musulman c'est une vanne hein) qui ne fait rien d'autre que de mettre un joli emballage à  ce que tu retrouves dans 95% du rap, je ne suis pas d'accord.

[Cécilia]

Dans quelle mesure sa culture serait-elle une tare ?

C'est ni une tare ni un bienfait.

Jusqu'à  preuve du contraire, la culture est quand même plus un bienfait qu'une tare...

C'est juste une manière d'approcher la musique, c'est quasiment indépendant du rendu et du talent du mec.

Quasiment indépendant ? ? ? Abd Al Malik ne serait justement pas l'artiste qu'il est sans cette culture... Enfin, à  mon avis...

Le discours d'Abd Al Malik ne se contente pas de faire un constat. Il est rempli de cette insupportable idéologie ras les pâquerettes victimaire (j'insiste sur le terme) qui constitue l'essentiel du discours du rap français.

Tu as tort d'insister sur le terme...

victimaire masculin
1. (Antiquité) Celui qui fournissait les victimes au sacrificateur
2. (Antiquité) Celui qui faisait les apprêts du sacrifice et qui frappait les victimes d'après l'ordre du sacrificateur

Nota bene : ce mot est souvent employé, comme adjectif, dans le sens de victimiste, ce qui est erroné.

Et puis, au lieu de balancer des jugements à  l'emporte-pièce, tu serais gentil de donner des exemples concrets pour appuyer ton argumentation. Cite-moi des chansons, des textes soi-disant "victimaires"...

Il y a plein de mots compliqués qui donnent l'illusion que c'est au-dessus du lot, mais ça n'est qu'une illusion, comme un texte compliqué de Philippe Sollers destiné à  faire croire aux neuneus qu'il fait de la bonne littérature.

Plein de mots compliqués ? ? ? ? ? Trop compliqués pour toi peut-être, vu le niveau de tes préoccupations... Là  encore, si tu pouvais me donner des exemples concrets de mots « compliqués », histoire d'être un peu crédible... J'ai beau chercher, je ne trouve pas... « derviche tourneur » ? « déconstruire » ? « Deleuze » ? « gnome »? En même temps, maintenant, je comprends mieux pourquoi tu déformes à  ce point le « discours » d'Abd Al Malik : c'est juste que tu ne comprends pas les textes...

And don't criticize
What you can't understand

Abd Al Malik ou Grand corps machin ne sont pas franchement plus futés que les autres, c'est juste qu'ils sont plus polis.

C'est aussi une tare d'être poli, j'imagine ?

Pour moi, le rap, c'est une affaire d'esthétique, d'attitude et de musique. Pas un mode d'édification des masses, pas un truc pour remplacer les déficiences de l'Education Nationale. Malik C'est un mec talentueux, pas de doute, il a quelque chose, mais de toute façon les sermons de curés servis par des rappeurs, ce n'est pas mon truc.

Je serais curieuse de savoir ce que tu penses de la chanson de Bénabar Qu'est-ce que tu voulais que je lui dise ?

[Num]

ahhh une bonne "quote war" en rouleau compresseur

[ln.miaoum]

Allez, j'admets, le traitement à  la Bomtown est sympa, mais c'est vrai que "Saigne" pourrait remplir les critères de Cédric...

[Ephéméride]

Grand corps machin

"malade"... le même nombre de lettres que "machin"! je vois pas l'utilité de remplacer "malade" par "machin" si c'était pour aller plus vite...

[Cédric]

Je ne fais pas gaffe aux paroles des chanteurs et rappeurs anglophones parce que je les comprends rarement du premier coup. Mais en matière de rap français, je ne peux pas m'empêcher de comprendre et de juger le propos. Encore une fois, dès qu'un rappeur essaye de m'éclairer sur la condition du genre humain mais plus particulièrement de la sienne, j'en ai rien à  faire, pas à  titre humain, juste musicalement.

Et musicalement, une pose mille fois vue et entendue, l'éternelle rengaine du jeune artiste qui gagne en sagesse et en respectabilité en prenant de l'âge et en faisant "de la poésie", du sous Gil Scott Heron, du cliché des paroles à  la pochette du disque façon "gros plan sur l'homme grave qui porte sur lui le poids du monde". Sans intérêt pour moi, sauf pour les auditeurs de France Inter.

Ceci dit, en cela, ce n'est pas fondamentalement différent du rap américain.

[Cécilia]

Encore une fois, dès qu'un rappeur essaye de m'éclairer sur la condition du genre humain mais plus particulièrement de la sienne, j'en ai rien à  faire, pas à  titre humain, juste musicalement.

C'est vrai, la condition du genre humain, ça n'a aucun intérêt... Et il faut que ça parle de quoi, une chanson (ou un film, ou un livre), pour trouver grâce à  tes yeux ?



Sinon, tu ne m'as toujours pas dit où étaient les mots soi-disant "compliqués" dans les textes d'Abd Al Malik... Tu ne les as pas trouvés ?



A part ça, tu aimes quoi dans la vie ?

[Cécilia]

Un concert d'Abd Al Malik à  un quart d'heure (à  pied) de chez moi, ça ne se refuse pas ! C'est gentil de venir dans ma banlieue (dans le 9-2 comme a dit Malik)...



Je n'ai pas de photos du concert (de toute façon, si j'en avais pris, je pense qu'elles auraient été ratées... je peux réussir 2 ou 3 photos en extérieur, mais dans une salle, je crois que pour moi, c'est mission impossible... ).

J'avais une petite appréhension concernant l'ambiance : j'avais peur qu'un concert « assis » (et les spectateurs - des jeunes, des moins jeunes, des ados, des enfants... et même le maire, je crois bien... - sont restés assis pendant une bonne partie du concert) soit moins enflammé qu'un concert « debout ». Eh bien, non !!! Malik arrive même à  enflammer - et dès les premières secondes - un public assis... Il est très fort. Bon, en bref, c'était comme d'habitude : énorme !!!!! Malik était pourtant malade, mais il a sacrément assuré... Que dire ? Il est phénoménal (je sais, je me répète), envoûtant (si, si, je vous jure), lumineux, avec une classe folle (au niveau vestimentaire, il peut mieux faire, mais c'était tout de même mieux qu'à  l'Olympia...). Et puis j'adore sa façon de « vivre » ses chansons, de les « jouer » (l'influence de Jacques Brel ?), sa gestuelle, sa façon de bouger... Et j'aime la façon dont il laisse ses musiciens s'exprimer bien au-delà  du cadre de ses chansons à  lui. C'est la moindre des choses quand on travaille avec ces musiciens-là  - Laurent de Wilde (piano et fender rhodes), Julien Charlet (batterie), Manuel Marchès (contrebasse), Gérard Carrocci (percussions), plus Bilal (le frère - l'un des frères - de Malik) aux platines.

(Hors sujet : quelque chose me dit que Manuel Marchès est très fier de son fils... )

Musicalement, c'était énorme. Et les textes de Malik sont toujours aussi sublimes...

Exemples :

« Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui enfin voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras
Maintenant il pleure de joie, souffle et se rassoit
Désormais l'Amour seul sur lui a des droits » (Gibraltar)


« Je me blesse tout le temps avec le tranchant de l'orgueil
Je suis de ceux qui lentement deviennent leur propre cercueil » (La gravité)


« Je n'étais rien ou bien quelque chose qui s'en rapproche
J'étais vain et c'est bien ce que contenaient mes poches
J'avais la haine, mélange de peur, d'ignorance et de gêne
Je pleuvais de peine, de l'inconsistance de ne pas être moi-même
J'étais mort et tu m'as ramené à  la vie
Je disais « j'ai » ou « je n'ai pas »
Tu m'as appris à  dire « je suis » » (L'alchimiste)

Bref, ce type est bouleversant. Et ce concert était magique.






Une spectatrice (ma voisine au premier rang), après le concert, me demande : « Vous êtes une fan ? ». - « Ça se voit ? »