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Bénabar : le plaisir à distance (28/02/09, ruefrontenac.com)

Posté : 01 mars 2009 10:09
par Stéfanie

un petit article venant de l'autre côté de l'Atlantique ;)
www.ruefrontenac.com a écrit :
Bénabar : le plaisir à distance


Écrit par Philippe Rezzonico

Samedi, 28 Février 2009 16:03

Bénabar, vous connaissez? Si on faisait un sondage éclair dans les rues de Montréal, le pourcentage de réponses positives serait assez faible, il faut en convenir. Pourtant, Bénabar, alias Bruno Nicolini, c’est la grosse affaire en France et en Europe.

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Avec Infréquentable, Bénabar en est à son cinquième album. Photo courtoisie Christophe Rihet

Son dernier disque de matériel original, Reprise des négociations, s’est écoulé là-bas à plus de 1,3 million d’exemplaires. En fait, seul Cabrel a vendu plus de disques que Bénabar en 2008 en France. Mais voilà, à l’instar de Vincent Delerm et autres Raphael, Bénabar fait partie de cette génération d’auteurs-compositeurs français du XXIe siècle qui ne nous ont guère rendu visite. Dans son cas, une seule fois, au Festival d’été de Québec.

Histoire de crever l’abcès alors que l’on s’apprête à causer de son nouveau – et excellent – disque, Infréquentable, on lance la question qui tue d’entrée de jeu : «Et puis, on va vous voir au Québec, cette année?»

«Je ne crois pas, non, dit-il avec une réelle déception dans la voix, même s’il est gonflé à bloc à moins d’une heure de monter sur une scène, à Caen. Et pourtant, cette fois, j’étais même prêt à prendre l’avion (rires), dit celui qui a une véritable trouille de voler. On avait un creux en juin, mais il faudrait venir pour plus qu’un spectacle, peut-être même faire une petite tournée.»

On lui fait alors remarquer que s’il il avait fait comme Thomas Fersen, venu très souvent au Québec depuis ses débuts, il aurait aujourd’hui un public fidèle.

«Je sais. Cabrel me disait la même chose l’autre jour, lui qui s’apprête à revenir chez vous pour plusieurs spectacles…»

Carton

Bref, le Bénabar 2009 de l’album Infréquentable, ça sera comme tous les autres: du plaisir à distance. Ce nouveau-né, qui est grimpé au sommet des palmarès dès sa sortie en France en octobre, marque une évolution en regard des albums précédents. Oui, l’humour, l’une des épices les plus marquantes de l’œuvre de Bénabar, est toujours présent, mais il y a plus de profondeur dans les textes, le temps qui passe ayant une réelle influence sur le Français.

«Quand j’ai vu l’accueil des gens à la sortie du disque, j’étais très soulagé. Je suis inquiet de nature, mais le succès de Reprise de négociations a été tel que je savais qu’il y avait plus de gens que jamais qui attendaient la sortie du nouvel album. Plein de gens qui ne connaissent pas ce que je fais. Je ressentais une petite responsabilité envers eux. Tu ne veux pas décevoir ces gens-là, ceux que tu ne connais pas.»

D’où le fragile équilibre pour un artiste qui ne voulait pas changer son approche du tout au tout, mais qui voulait explorer des sentiers moins connus pour lui.

«Il s’agit de mon cinquième album et je ne voulais pas tomber dans la facilité, dit-il. Je voulais me remettre en cause, mais pas tout changer non plus, parce que j’assume ce que j’ai fait dans le passé. Ma plus grande crainte, c’était de tomber dans l’auto-parodie. De faire du Bénabar, quoi…»

Sur ce plan, Bénabar a partiellement réussi. Impossible, en effet, de ne pas voir de similitudes avec le passé à l’écoute de L’Effet papillon, chanson de cause à effet qui met en lumière ses qualités d’écriture et son sens de la dérision. Sentiment encore plus vrai avec Pas du tout, un formidable exercice de style d’autodérision où chaque strophe se conclut avec la réplique de «pas du tout!» d’une bande de choristes.

Plus mature

En revanche, on se dit que l’amitié fraternelle qui sous-tend Allez!, le visage impersonnel de Voir sans être vu et, surtout, l’ode touchante à sa génération qu’est Malgré tout sont des chansons auxquelles on n'aurait pas eu droit il y a dix ans.

«Je suppose que ça vient avec l’âge (ndlr : il aura 40 ans le 16 juin). J’essaie depuis toujours, sans trop forcer, de raconter ce qui m’entoure. Sur ce plan, je suis un peu comme Souchon et Renaud : je donne des nouvelles tous les quatre ans, sans trop emmerder l’auditeur. Je raconte, je juge, j’ai un point de vue, mais dans le fond, c’est Brassens qui le disait, on n'a véritablement que quatre ou cinq sujets d’écriture.»

Pour ce disque, Bénabar a composé principalement à la guitare et non au piano, ce qui a élargi sa palette sonore, selon lui. Il note toutefois que certaines sonorités de l’album sont dues au réalisateur François Delabrière, qui est très influencé par une approche anglo-saxonne de la musique.

«C’est un peu ce qui nous distingue, ceux dont on parlait tout à l’heure, les Delerm, Raphael et compagnie. Nous, notre génération, nous n’avons aucun complexe face aux Britanniques ou aux Anglais. On ne pense pas que la chanson française, ça doit être de l’accordéon. C’est peut-être ce qui nous distingue le plus des générations précédentes.»

Infréquentable, de Bénabar, est présentement disponible au Québec.
http://www.benabar.com